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La magie de Moorea


Cap sur Moorea, surnommée « l’île sœur de Tahiti », un havre de paix si proche de Tahiti et pourtant si différente et si loin des embouteillages de Papeete. La belle Moorea fait partie de l’archipel des îles de la Société. Elle me fait penser à un mélange entre les Marquises et les Tuamotus mais en nettement plus développé et touristique. 18’000 habitants, c’est la deuxième île la plus peuplée après Tahiti. Une île haute, chapeautée de montagnes majestueuses, tapissées de verdure jusqu’en haut de leurs sommets. Les baies profondes sont admirablement dessinées et le lagon qui entoure l’île offre toute une palette de bleu sublime.

La baie de Cook et d'Opunohu

Dans deux semaines, il faudra retourner à Tahiti et préparer Vagabond pour le stockage sur le chantier de Taravao. Nous avons choisi de jeter à l’entrée de la baie d’Opunohu, une véritable piscine turquoise de 2 à 3 mètres de profondeur, il ne reste que quelques centimètres sous la quille. Nous retrouvons nos amis norvégiens Axel et Christina sur leur petit voilier « Mare », c’est la fête !

Les voiliers ne sont plus les bienvenus

Au mouillage, nous sommes cinq voiliers voyageurs de passage et une dizaine de bateaux sont installés permanents, ils vivent et travaillent ici. En haute saison, il paraît qu’il y a nettement plus de monde. Les polynésiens sont toujours d’une gentillesse incomparable mais malheureusement, les voiliers ne sentent plus forcément les bienvenus, trop de bateaux se plaignent les habitants... C’est vrai que j’ai de la peine à imaginer cet endroit avec une quarantaine de voiliers les uns sur les autres ! En fait, le gouvernement s’est rendu compte que la plaisance ça rapporte beaucoup d’argent, alors, depuis 2014, la durée du séjour est passée de un an à trois ans et la taxe d’importation des bateaux (pour ceux qui veulent rester sur le territoire) est passée de 30% de la valeur du bateau à seulement 7%. Aujourd’hui, le paradoxe, c’est qu’aucune infrastructure n’a été développée pour accueillir tout ce monde, bien au contraire, le gouvernement met en place de plus en plus de restrictions (comme à Bora Bora par exemple et bientôt d’autres îles qui risquent de suivre) ... Et la population stigmatise les voiliers comme des pollueurs qui font leurs besoins dans l’eau ! Bref, sans entrer les détails je ne vais pas lancer le débat... (Pour ceux qui veulent en savoir plus : https://voiliers.asso.pf/)

Certains habitants ont aussi des craintes par rapport à l’augmentation du tourisme ces quatre dernières années et aux nombreux changements que cela a occasionné... Il faut dire qu‘aujourd’hui, les compagnies low-cost proposent des vols aller-retour à 1000 euros au départ de Paris et Airbnb se développe à vitesse grand V. Même si la Polynésie reste une destination très chère, elle devient de plus en plus accessible... La Polynésie, c’est le voyage d’une vie ! La plupart des touristes sont des couples en lune de miel en quête du paradis, de romantisme, de sensationnel. Le tour du lagon en jetski est un des incontournables. Le tour en quad aussi, c’est l’équivalent du jetski mais sur terre et ça fait un de ces vacarme ! Au mouillage, les jetskis défilent toute la journée à côté de nous, sans compter le nombre important de bateaux de touristes qui ne ralentissent pas. Les voiliers se font secouer par les vagues et vu le trafic, c’est carrément dangereux de nager dans cette magnifique piscine. Les coraux morts sont recouverts par des algues qui parfois se décrochent, flottent à la surface et finissent sur les plages, ce n’est pas génial et ça me rappelle vaguement les sargasses aux Antilles... En moins pire, car aux moins ces algues-là ne sont pas toxiques et on peut les utiliser comme composteur. Il y a peu de poissons et le snorkeling le long du récif est franchement triste.

Bon, allez ! J’arrête de dépeindre le tableau et je vends du rêve, c’est le but non ? Malgré ces quelques aspects négatifs, Moorea fait partie des plus beaux endroits que j’ai eu la chance de visiter et surtout : j’y ai vécu les expériences les plus extraordinaires de ma vie !

Des rencontres inédites en stop

Nous louons un scooter et empruntons la route de 60 km qui fait le tour de l’île. Pas de chance, la pluie nous a inondé sur la moitié du parcours ! Pour les photos panoramiques, c’était raté. Puis, nous montons au Belvédère pour admirer la vue parmi la foule de touristes. Qu’est-ce que c’est beau ! Souvent, on se dégourdis les jambes, elles en ont grand besoin ! Il y a de belles randonnées à faire. Le vertige vaincu, nous grimpons en haut des montagnes pour admirer la vue et avoir le souffle coupé dans tous les sens du terme. Moorea est l’île des ananas, on en fait une cure et on se balade dans les champs de ses fruits succulents...

Nous nous déplaçons en stop, c’est l’occasion de faire des rencontres et d’apprendre beaucoup sur les lieux que l’on visite. A Opunohu, il n’y a que quelques pensions, les bungalows sur pilotis de l’hôtel Hilton, de coquettes maisons d’habitation, un petit magasin avec quelques produits de base, un stand de fruits, une roulotte avec repas et wifi. A une dizaine de kilomètres, au fond de la baie de Cook, se trouve un magasin « Super U » et puis encore un peu plus loin, un village avec tout ce qu’il faut pour les touristes. Le stop, parfois ça marche très bien, on tend le pouce et c’est gagné, la première voiture s’arrête. Mais parfois, c’est galère ! Ne jamais perdre espoir, ne jamais baisser le pouce et surtout, toujours garder le sourire ! C’est la règle du jeu. Et dire qu’adolescente, j’ai rêvé de faire le tour du monde en stop ! Non mais quelle idée ! Aujourd’hui, j’ai une grande admiration pour ceux qui l’on fait ! C’est dur de se retrouver au bord de la route et avoir l’impression de mendier un véhicule. C’est dur d’oser tendre le pouce et vaincre sa timidité... Mais quel bonheur quand enfin une voiture s’arrête ! Cette manière de voyager est une ouverture, les rencontres sont intéressantes et il arrive même qu’elles soient insolites ! Un jour, alors que nous étions proche du désespoir... Oui bon, j’exagère un peu, mais plus d’une soixantaine de voitures nous ont ignoré... Voilà enfin notre sauveur qui s’arrête ! Comme de coutume, si c’est un mec, je m’installe à l’avant du véhicule et si c’est une femme, c’est Tom qui va à l’avant. Bref, je me retrouve donc assise à côté d’un très bel homme (allez j’ose le dire, Tom n’est pas jaloux). Il s’intéresse à nous, à notre projet et nous pose tout un tas de questions... Je lui demande d’où il vient et ce qu’il fait dans la vie ?

- « Je suis apnéiste. »

- « Ah bon ? Tu donnes des cours ? »

- « Des cours, des conférences, des films... ». Il répond avec une telle simplicité et sans avoir la grosse tête... Mais sa tête me dit vaguement quelque chose... Tom lui parle du film « Le Grand Bleu » et moi je lui demande combien de temps il peut rester sous l’eau en apnée ?

- « En compétition : huit minutes »

- « Incroyable ! Tu connais Guillaume Nery ? »

- « C’est moi ! »

Guillaume Nery a battu à quatre reprises le record du monde d’apnée en profondeur en poids constant et il a reçu deux fois le titre de champion du monde. En 2015, il arrête la compétition après avoir réalisé accidentellement la plongée la plus profonde de l’histoire à −139 m, à la suite d'une erreur de l’organisation, alors qu’il tentait de battre pour la cinquième fois le record du monde à −129 m. Depuis, il se consacre pleinement à sa passion entre entraînement, voyages, conférences, stages, films, photos et écriture. Actuellement, il commence le tournage d’un film ici à Moorea... Il y a quelques années, j’avais découvert ses films sur YouTube : Blue hole et one breath around the Word qui ont eu beaucoup de succès.

Caresser les raies

On s’est levé dès l’aube et une magnifique balade d’une heure en dinghy sur une eau miroir nous mène à « Stingray city », comme l’ont appelé les américains ou la « cité des raies ». Il valait mieux arriver tôt avant que tous les bateaux de touristes ne débarquent, le site touristique est très fréquenté ! Dans la tradition polynésienne, les raies sont un symbole de protection pour les gens qui vont sur la mer et les âmes des ancêtres se retrouvent dans les requins, ils sont donc très respectés et il y a des endroits où ils sont nourris. A 7h nous sommes tout seuls. Dès notre arrivée, les raies pastenagues sont déjà là tout autour de nous. Elles sont plutôt curieuses, intéressées et habituées au contact humain. L’eau transparente nous arrive à la taille et rapidement, on se retrouve avec une deux trois quatre, six raies qui réclame des câlins ! L’expérience est surprenante ! Elles se frottent contre mon ventre et me bousculent, oups il vaut mieux ne pas perdre l’équilibre car si je leur marche dessus, l’expérience sera nettement moins drôle ! Les raies utilisent leur queue pour se défendre et les blessures qu’elles infligent sont graves et extrêmement douloureuses. La peau de leur ventre est plus douce que celle d’un bébé ! Elles aiment les sardines mais j’avoue que j’ai un peu la peine à ce qu’elle mange dans ma main. Je suis tendue, surtout avec les grandes qui sont toutes excitées ! Elles ont des dents plates et fortes qui leur permet d’écraser leurs proies, mon doigt en a fait l’expérience, aille ! En fait, c’est comme quand on donne un sucre à un cheval, il faut garder la main bien plate, sinon il risque de te croquer un doigt sans faire exprès. Il y a aussi quelques timides requins à pointes noires qui se baladent mais les raies mènent le bal et les pauvres requins n’attirent même pas notre attention ! 8h30, un premier bateau avec une douzaine de touristes débarque, il sonne l’heure de notre départ, cela fait une heure et demie qu’on profite du lieu et de cette rencontre magique... On se prépare à rentrer. Les touristes ont juste le temps de mettre leur masque et jeter un coup d’œil sous l’eau, prendre une photo et c’est reparti ! 10 minutes top chrono ! C’est une blague ou quoi ? Ben non, si tu veux faire Moorea en deux jours et ensuite faire sept autres îles et que tu as à peine quinze jours de vacances, il ne faut pas traîner ! Hop ! Next ! Résultat : des photos et des endroits dont le nom a même été oublié ! Nous avons un rythme de voyage nettement plus lent !

Nager avec les dauphins

Les dauphins sont souvent à l’intérieur du lagon et aux abords de la passe. Alors, plusieurs fois, j’ai eu l’occasion de nager avec eux ! Ils étaient si nombreux ! J’étais si proche que j’aurais presque pu les toucher ! Leur concert de sifflements aigus est fascinant. Les jeunes, espiègles, sautent en faisant des tourbillons en l’air ! Je les ai vu nager en couple et se frotter l’un contre l’autre, je n’ai pas compris si c’était une manière de se séduire ou si je les ai surpris en plein acte intime ?

Observer les baleines

De juillet à novembre, on peut observer des baleines à bosses autour des îles dans une grande partie des archipels de la Société et des Australes. Les baleines sont de grandes migratrices. Elles passent quatre à six mois au voisinage du continent antarctique et avalent alors les neuf-dixièmes de leur ration annuelle. A la fin de l’été austral (vers le mois d’avril), elles quittent leur « pâtures » pour rejoindre leurs quartiers d’hiver en Polynésie. Les baleines à bosses recherchent la proximité des terres pour mettre bas et s’accoupler. Elles recherchent l’eau chaude qui facilite l’économie d’énergie durant le jeûne hivernal et fournit au baleineau nouveau-né les conditions optimales pour les premières semaines de sa vie. De plus, les mères recherchent des eaux où les prédateurs (les requins de grande taille et les orques) du futur baleineau sont rares ou peu agressifs.

A Moorea, le tourisme d’observation des baleines est un énorme business ! Une vingtaine de bateaux emmène six à douze touristes observer et parfois nager les cétacés. Plutôt que de payer une certaine somme en n’ayant de toute façon aucune garantie de les voir et de pouvoir nager avec elles, nous avons préféré partir à la rencontre des baleines par nos propres moyens, avec notre dinghy, et ainsi avoir la chance d’être seul en compagnie de ces géants des mers ! Je peux vous dire que c’est l’expérience la plus extraordinaire que j’ai vécue dans ma vie ! Rien que le simple fait d’être dans l’eau, si proche, et d’entendre leur chant, c’est déjà fabuleux ! Quelques gouttes salées dans l’eau de mer, je pleure de joie.

Un corps de 13 à 16 mètres de long surgit hors de l’eau, se dresse à la verticale et retombe de tout son poids créant comme une explosion sur l’eau ! Et bien évidemment, j’ai oublié mon appareil photo ! C’est stupéfiant ! Époustouflant ! Deux baleines se trouvent juste à l’entrée de la passe de la baie d’Opunohu, nous y allons avec notre annexe. Il n’y a pas de vent et une mer calme, sinon, avec notre petite embarcation gonflable, nous n’aurions pas pu nous aventurer hors du lagon. Quand on aperçoit les cétacés, il y a quelques règles importantes à connaître et à respecter. La première fois qu’on a pu se mettre à l’eau avec une baleine, elle était seule, elle remontait toutes les 15 à 20 minutes à la surface pour respirer. Nous étions trois personnes à nager vers elle, on était très proche, il ne restait que quelques mètres, mais ce n’était pas suffisant pour la voir sous l’eau et la visibilité n’était de toute façon pas bonne. Elle n’est pas venue vers nous, c’est finalement elle qui décide si elle veut interagir avec nous ou pas, on ne peut pas forcer les choses.

C’est notre dernière journée à Moorea, assise dans le cockpit, j’aperçois des dauphins à environ deux cents mètres. Je m’en vais à leur rencontre en stand up paddle, mais les dauphins sont déjà loin, dans la passe... Quand soudain, j’aperçois la queue d’une baleine à environ 100 mètres de moi. Je reste plantée là et j’attends une quinzaine de minutes. Quand tout à coup, elles remontent juste à côté de ma planche !!! A quelques mètres seulement !!! Je vois le dos de la mère et du bébé ! Mon dieu ! C’est énorme !!! Je me sens si petite !!! Mes jambes tremblent tellement que je dois m’assoir. Je me dis qu’il faut que je m’éloigne, j’ai peur de leur barrer le chemin vers la sortie de la passe. C’est con, mais je pense à Moby Dick, et si elles surgissent en dessous ma planche et me renversent ? Un coup de queue et je ne fais pas la maligne ! J’ai le cœur qui bat à 200 à l’heure ! Je suis seule avec elles et franchement, c’est une expérience assez barge ! Moi qui voulait faire du paddle avec les dauphins, je me retrouve avec des animaux nettement plus gros ! Elles n’ont pas l’air de vouloir sortir du lagon et elles peuvent surgir n’importe quand, de n’importe où ! J’entends un souffle, bébé semble bien curieux, il s’approche de moi. Mais elles me suivent ou quoi ??? Quelques heures plus tard, elles sont toujours là, on les voit depuis notre bateau. Tom, Axel et moi, nous partons en annexe pour aller faire du snorkeling sur le récif à l’extérieur de la passe. On se dit que si on a la chance, on verra peut-être les baleines quand elles seront dehors (il est interdit de se mettre à l’eau avec elles quand elles sont dans le lagon car elles viennent s’y réfugier et se reposer) ... Eh bien, figurez-vous qu’elles nous suivent et empruntent la passe en même temps que nous ! Elles sont proche ! L’annexe est amarrée à une bouée pour les plongeurs juste devant le récif. On se met à l’eau et on nage vers elles. Elles surgissent un peu plus loin et sondent à nouveau. On attend... Observer les animaux dans leur milieu naturel demande beaucoup de patience et de la chance. Le chant des baleines résonne et me donne les frissons, elles vont remonter à la surface bientôt. Notre ami Axel est quelques mètres plus loin. Je tiens la main de Tom, mon cœur bat fort. Quand soudain, un groupe de jet-ski nous foncent droit dessus ! On leur fait de grands gestes pour signaler notre présence, ils nous voient enfin et passent à côté, sans forcément ralentir, inutile de vous dire qu’on déteste ces scooters des mers ! Au même moment, Axel a la chance de voir les baleines qui surgissent juste à côté de lui ! De retour à bord du bateau, nous apprenons le terrible drame qui vient juste de se produire à Moorea : une touriste s’est fait attaquer par un requin océanique à pointe blanche (appelé « parata » par les polynésiens) alors qu’elle effectuait un « tour baleine » à 2 milles nautiques au large de l’île. Le groupe nageait avec les globicéphales, un type de dauphins, souvent accompagné par des paratas guettant la moindre de leur faiblesse. Les paratas sont des requins pélagiques (qui vivent au large des côtes) opportunistes, imprévisibles et qui peuvent donc être dangereux... Les attaques de requins sont extrêmement rares en Polynésie et cette histoire a créé un véritable choc... C’est notre dernière journée à Moorea, pas un seul bateau ne circule, l’ambiance est sombre et triste et nos pensées sont tournées vers cette jeune femme et sa famille...

Le lendemain matin, nous levons l’ancre et mettons le cap vers Tahiti. Devant l’entrée de la baie de Cook, des baleines nous offrent un cadeau d’adieu, bébé joue et sa mère lui apprend des choses, nous mettons le moteur au point mort et observons la scène. Au revoir Moorea ! Je crois qu’on ne repart jamais indifférent de cette île envoûtante et magique, elle nous aura offert tout un lot d’émotions fortes !

Au cours du trajet, il n’y a pas de vent et la mer est d’huile. Le moteur est mis à contribution... J’ai oublié de vous dire que depuis qu’on a changé les durites, il n’a plus jamais posé de problèmes ! Quelques jours plus tard Vagabond est sorti de l’eau et repose sur le chantier à Taravao. Pendant une semaine, c’est le grand nettoyage, dessaler tout le bateau et le matériel, ranger, traiter la rouille, faire plein de boulots et puis entreprendre quelques nouveaux projets comme démonter l’éolienne bon marché, bruyante et foutue depuis plus d’une année. Elle sera remplacée par des panneaux solaires supplémentaires. Démonter enfin le vieux frigo qui servait comme armoire. Nous avons tout le temps de méditer si on installe enfin un vrai frigo qui fonctionne ou si on profite de cet immense espace de stockage ...

Voilà les amis, il est temps de faire nos valises, sortir les doudounes et dire au revoir à Vagabond, il en a de la chance « d’hiverner » à Tahiti !

Rendez-vous pour de nouvelles aventures au mois de mai 2020 ! Et d’ici là, Vagabond et son équipage vous souhaite de belles fêtes de fin d’année !


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