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Malchance et belles rencontres


La vie sur le chantier par canicule, qu’est-ce que c’est pénible ! Tom est tombé malade, déshydratation et peut-être intoxication alimentaire après une soirée tapas. Le corps en surchauffe, 38° de fièvre, des nausées et la diarrhée… Quand il fait 34 degrés à l’intérieur dans la cabine et pas un souffle d’air, on a l’impression d’étouffer et c’est difficilement supportable !

Tom rétablit et Vagabond rétablit aussi avec un nouveau presse-étoupe, des anodes en zinc, la coque poncée et repeinte, une nouvelle couche d’antifouling et nouveau système pour l’ancre qui a été soudé, on retourne à l’eau et quittons enfin le chantier après une semaine. Ouf ! Tom avait peur que je finisse par apprivoiser un des deux chatons que je nourrissais chaque soir et qui montaient l’échelle la nuit pour venir nous observer dormir et laissaient leurs traces de pattes partout sur le pont du voilier…

Bref, nous voilà à nouveau amarré le long du quai où les promeneurs et les touristes se baladent. Nous sommes l’unique bateau et l’attention est braquée sur nous, jusqu’à ce que deux grands yachts de millionnaires nous rejoignent sur le quai et détourne l’attention sur eux.

La routine fait qu’on monte et descend du bateau parfois un peu trop vite et soudain Tom a glissé et s’est retrouvé suspendu entre le quai et le bateau, se cramponnant au chandelier et filières. Il s’est blessé méchamment les côtes. Aille ! Aille ! Aille ! Il a passé une sale nuit et Tom est un costaud qui n’a pas pour habitude de se plaindre, du coup, j’avoue que j’étais assez inquiète de reprendre la mer avec un capitaine amoché. On a pris un taxi jusqu’aux urgences où on a attendu patiemment 4h30 dans une grande salle d’attente bondée de monde ! Comme partout, c’est la pénurie de médecins, la gentille doctoresse qui parle anglais et allemand nous explique qu’ils ne sont que 4 pour tout ce monde qui attend… Diagnostic : les côtes ne sont heureusement pas fracturées mais contusionnées et c’est effectivement très douloureux ! Ça faisait quelques semaines qu’on n’avait plus visité un hôpital mais décidément on a parfois un peu la poisse ! Bon, on ne se plains pas, on reste positif et on n’a la chance dans d’autres domaines.

Belles rencontres

Nous quittons Cartagène au petit matin, le cœur rempli d’émotions et la tête encore un peu à l’envers car la nuit fut courte et la soirée bien arrosée… Nous avons passé une dernière belle soirée avec Jon, notre ami irlandais rencontré au chantier. Jon est une belle personne qu’on n’oubliera pas et on espère que le destin nous remettra sur la même route. C’est ça la vie de voyageur, faite d’au-revoir parfois émouvant… Les rencontres éphémères sont plus profondes et plus authentiques, elles vont directement à l’essentiel.

Il y a eu un grand vide dans le port au départ de Michel et Mika et Erwan et Francine avec leurs deux enfants et le chat. Cartagène nous a gâté niveau rencontres ! Ça fait du bien de se retrouver entre voyageurs et de partager. Michel, navigateur de 79 ans et un sacré personnage ! On se dit qu’on aimerait être comme lui quand on aura son âge ! L’âge, finalement c’est beaucoup dans la tête et si à 80 ans tu as encore des buts et des objectifs et bien tu resteras jeune. Il semble aussi que la mer ça conserve pas mal à en voir les vieux loups de mer ! Tom a déjà rajeuni de dix ans et je le trouve de plus en plus beau avec son côté d’aventurier sauvage, ses quelques kilos superflus perdu, sa peau mate et ses cheveux blond tout en bataille…

De Cartagène à Almérimar

Tom carbure aux anti-inflammatoires et nous quittons Cartagène dimanche matin. Nous passons à côté des nombreux pétroliers impressionnants au mouillage. Deux dauphins passent devant nous et puis le vent se lève, dans la bonne direction, il reste stable et nous pousse par le travers pour une magnifique navigation sur une mer belle pendant plus de 12 heures ! On a refait un aérien plus léger chez un menuisier et le régulateur d’allure fonctionne à merveille et dirige le bateau ! Waouw ! La vie est belle et on est heureux ! C’est tellement beau de naviguer quand toutes les conditions sont réunies !

La nuit, le vent s’arrête et nous oblige à mettre le moteur et à barrer. La lune est presque pleine et nous illumine. Il y a beaucoup de trafic et je réveille Tom lorsque nous croisons de près un énorme cargo impressionnant !

Le jour se lève sur le Cabo de Gata, le décor sauvage de montagnes et falaises est sublime à couper le souffle ! Qu’est-ce que c’est beau de découvrir un pays en longeant son littoral et qu’est-ce que c’est grand l’Espagne !

Nous arrivons à Almerimar après deux jours en mer. Le port est grand et c’est comme un labyrinthe à l’intérieur de la ville. Almerimar est connue par les navigateurs car c’est un bon spot pour laisser son bateau. Ce n’est pas cher et il y a tout sur place pour effectuer des travaux.

Les alentours de la ville sont des champs recouverts de plastique visibles par satellite et portant le triste nom de « mer de plastique ». Les serres s’étendent le long de la côte sur plus de 200km. C’est le portager de l’Europe qui permet de consommer durant l’hiver tomates, concombres, poivrons et tous ces autres produits hors saison, arrivant chez nous depuis l’Espagne. Au prix d’une production intensive et dévastatrice ! http://www.citizen-nantes.com/article-andalousie-espagne-el-mar-del-plastico-la-mer-de-plastique-un-ravage-environnemental-sans-precedent-125456656.html Ca fait réfléchir !

Réveillé tôt ce matin par des violentes rafales de vent, c’est presque une tempête et Vagabond danse d'un côté à l'autre solidement amarré ! On attend que ça se calme un peu pour poursuivre en direction d’Estepona... Et puis, décidément, le pauvre Tom a une épicondylite (tendinite du coude) en plus des deux côtes contusionnées !!!

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