Vivre sur un bateau... La liberté, le dolce farniente au soleil, les plages désertes romantiques, un hamac sous un cocotier... Bref, c'est la vie de rêve non ?
En réalité, vivre sur un bateau, c'est constamment réparer des choses qui cassent dans un cadre souvent paradisiaque.
L'équation est simple, plus le bateau est grand et complexe et plus il demande du boulot et un budget...
Les hurlements des singes m'ont réveillé de bonne heure ce matin. Nous sommes dans la marina de Linton Bay depuis trois semaines. Enfin je crois, j'ai perdu la notion du temps. Nous travaillons sans relâche et je sens que nous avons besoin d'un jour de pause hors du bateau...
Après 3 mois dans les merveilleuses îles San Blas à partager des moments extraordinaires avec Pauline et Luca, Rolf, ma maman et Marie-Jeanne, il y a eu un immense vide à bord de Vagabond. Puis, il y a eu un enchaînement de problèmes et nous avons retrouvé la routine de la vie à bord avec une longue liste de travaux...
Un problème qui raccourci notre saison de navigation...
Notre place dans la marina est exposée au vent et à la houle. Vagabond tire sur ses amarres et les grincements m'empêche de dormir. Il y a des jours où la houle le fait rouler d'un bord à l'autre à presque en avoir le mal de mer ! Tom vient de réparer le propulseur d'étrave qui ne fonctionnait plus (une petite hélice située à l'avant du bateau sous la ligne de flottaison qui aide à manœuvrer beaucoup plus facilement dans les ports). Une meilleure place s'est enfin libérée dans la marina. Le moteur est enclenché, Vagabond recule doucement quand soudain, la marche avant ne fonctionne plus ! Un très grand moment de stress !!! Le vent pousse nos 12 tonnes vers deux autres bateaux et les propriétaires sont tout autant angoissés que nous ! Tom crie : "A l'aide ! Vite ! J'ai besoin de l'aide d'un dinghy !" Heureusement, nos deux voisins viennent tout de suite nous remorquer jusqu'à notre nouvelle place. Le lendemain, nous distributions des plaques de chocolats en guise de remerciements...
Le mécanicien vient "mañana"... "Mañana", c'est le premier mot que j'ai appris en espagnol. Mais demain peut devenir après demain ou la semaine prochaine... Comme les cinq minutes peuvent se transformer en heures d'attente... Ici tout prend du temps, patience... Francisco, le mécanicien, travaille même le dimanche, il est très demandé, nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes... Après plusieurs jours à tout vérifier, à tout graisser, à démonter la boîte d'embrayage et se rendre compte qu'une pièce était manquante et puis resserer quelques vis, ect. Marche avant et marche arrière fonctionnent de nouveau à merveille mais par contre, il y a toujours un méchant bruit inquiétant qui se produit au démarrage...
Tom a plongé dans l'eau sale du port pour vérifier s'il y a du jeu sur l'arbre d'hélice : aucun problème à ce niveau là mais par contre l'hélice bouge difficilement en engendrant ce bruit inquiétant. Une situation qui nous rappelle de mauvais souvenirs... Nous avions déjà eu un problème similaire avec notre petit Vagabond au début du voyage. Marche avant et marche arrière ne fonctionnaient pas lorsque nous avions voulu quitter la marina d'Estepona au sud de l'Espagne. Puis, soudainement, comme par miracle, cela fonctionnait à nouveau mais la leçon qu'on en avait retiré c'est qu'un problème ne se résout jamais tout seul ! A Gibraltar, Vagabond avait dû être sorti de l'eau pour changer la bague hydroluble et aligner l'arbre d'hélice...
Au bout d'une dizaine de jours, enfin le verdict tombe : finalement, le problème viendrait de la bague hydroluble (qui assure l'étanchéité de l'arbre d'hélice), celle-ci aurait été mal installée par un très mauvais mécanicien qui a fait plusieurs "conneries" sur notre bateau et dont l'ancien propriétaire a déjà payé le prix et nous continuons de payer les conséquences depuis l'acquisition du bateau ! Malheureusement, cela signifie que notre saison de navigation se termine prématurément car il va falloir sortir le bateau de l'eau pour résoudre ce problème !
Notre retour en Suisse est prévu pour mi avril, d'ici là, nous allons travailler à résoudre les problèmes du bateau et à le préparer pour la suite du voyage l'automne prochain.
Pour bien accèder au moteur, à l'inverseur et au sondeur qui ne fonctionne plus lui aussi, nous avons dû enlever une partie du sol de la timonerie incluant le siège et démonter le coffre/chaise servant d'espace de stockage. Le bateau resemble à un chantier chaotique !
Autre soucis, le moteur hors bord de l'annexe fait encore des caprices. Tom démonte le carburateur pour la quatrième fois... Nous avons changé l'essence qui n'était pas de la meilleure qualité, changé la nourrice qui n'était plus 100% étanche. Mais le hors bord ne fonctionne toujours pas et on ne comprend pas pourquoi ? Après avoir passé énormément de temps à essayer de résoudre les problèmes, Tom est démotivé...
Il reste le problème du sondeur (indicateur des profondeurs) et de l'anémomètre ((indicateur de la force du vent) à régler. Nous attendons l'életronicien car le problème pourrait être électrique et finalement, ce n'était qu'un câble corrodé à changer.
Nous passons un temps inconsidérable à tenter de résoudre les problèmes, à commander des pièces aux USA, à étudier et chercher des solutions aux problèmes, à fixer des rdv avec les spécialistes et attendre ensuite impatiemment leur venue...
Les travaux en prévision des traversées
En prévision des futures traversées d'océans, nous avons fait appel à un spécialiste du gréement (tout ce qui concerne le mât et les pièces qui tiennent le mât). Parce que je suis un peu traumatisée d'avoir failli perdre le mat du petit Vagabond pendant la navigation des Marquises aux Tuamotus. Il faudrait changer plusieurs boulons vissés sur les cadènes et quelques terminaisons en haut du mât. Mais les boulons que nous avons commandé dans un magasin nautiques aux USA ne sont pas de la bonne dimension et la qualité est vraiment très médiocre ! Donc il vaut mieux vaut laisser les vieux boulons en attendant de trouver une bonne qualité. Nous nous occuperons du changement des terminaisons avec le spécialiste après le stockage du bateau...
Toujours en prévision des longs trajets qui nous attendent, Tom est entrain d'installer un robinet d'eau de mer, c'est une sécurité car nous avons que l'eau douce pour faire la vaisselle.
Les travaux de maintenance et esthétique
Pendant que Tom est occupé avec les boulots techniques, j'ai refait des nouvelles housses de pare-battage qui n'ont malheureusement pas survécu au ponton, elles sont déjà déchirées, peut-être que le tissu n'était pas de qualité suffisante.
J'ai aussi fait plusieurs réparations avec la machine à coudre. Et puis, il y a toujours des travaux de vernis à faire sur notre bateau, mieux vaut passer une ou deux couche tous les six mois plutôt que d'attendre et devoir tout décaper et refaire 8 couches.
Tom a refait les bouchons du pont de teck et nous avons fait appel à un menuisier pour changer quelques lattes de teck légèrement abîmées et régler un petit problème d'infiltration d'eau entre la jointure du pont de teck et la peinture. Ces travaux nous ont permis de constater l'excellent état du pont en polyester en dessus du teck qui a encore une épaisseur de 10 millimètres et qui est entièrement collé sur une épaisse couche de sika. José, le menuisier, a fait un excellent travail et il nous a seulement demandé 30$ pour les 5 heures de boulot ! Alors qu'en principe, ici dans la marina, un ouvrier qualifié demande minimum 30 dollars de l'heure et 50 dollars pour un mécanicien ou électronicien. Le salaire moyen au Panama est de 700 dollars et beaucoup vivent avec moins de 500 dollars par mois. Nous avons offert à José un beau couteau victorinox en bois et du chocolat et comme il travaille bien et pour pas cher, il reviendra pour d'autres travaux, notamment refaire quelques joints sur le pont de teck... Mais on l'attend toujours, il viendra "mañana", peut-être ? 😉
Illégaux au Panama
Selon toutes les informations que nous avons trouvées sur internet, nous étions persuadé de pouvoir rester 180 jours au Panama... Donc, le 179e jour, nous nous sommes levés tôt pour aller au village de Portobello (30 min en bus) où on pensait pouvoir extendre notre séjour de deux mois et payer 50$ par personne par mois pour les frais de prolongation. A Portobello, on nous dit d'aller à Panama City. Du coup, nous avons pris un taxi jusqu'à Colon puis le bus jusqu'à Panama City. Nous arrivons devant les bureaux de l'immigration et là on nous refuse l'entrée car les tongues et les shorts ne sont pas autorisés ! Alors, vite ! Nous courrons jusqu'au gigantesque centre commercial Albrook Mall acheter des pantalons et des chaussures ! Pas le temps de flâner dans les boutiques, on en choisi une seule parmis des milliers. Nous voilà tout beau et présentables pour retourner à l'immigration. Il est 14h, la file d'attente ferme à 13h, il y a beaucoup beaucoup de monde !!! Il paraît qu'il faut s'armer de courage et de patience à l'immigration... Un officiel nous dit de revenir "mañana" et en discutant avec lui, il nous annonce que nous avons le droit de rester 3 mois mais pas 6 mois !!! Il semblerait que sur beaucoup de sites internet, les informations n'ont pas été mises à jour depuis la réduction du permis de séjour à 3 mois... Bref, du coup, nous avons peur qu'en étant illégaux, nous risquons d'avoir des problèmes... Selon l'officiel, nous n'allons pas finir en prison. Il faudra revenir 7 jours avant notre départ pour payer une douloureuse amende de 500$ au total... Voilà, ça valait la peine de venir jusqu'à Panama City et de nous habiller ! Plus le temps de rentrer aujourd'hui à Linton, nous allons dormir à l'hôtel Caribe... Nous rêvions d'une journée hors du bateau, sauf que cette journée à Panama City était loin d'être reposante et ressourçante !
Bonjour, je viens de lire votre dernier écrit, propriétaire d’un super maramu pendant dix ans j’ai retrouvé exactement mes expériences ! A part que le moteur n’était pas le plancher à l’intérieur mais dans le cockpit a l’extérieur !
Bon courage pour la suite et bon retour en suisse, merci de nous faire partager !
Bernard Clémente