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ROBINSONNADE DANS UN INCROYABLE ARCHIPEL


ATTENTE A LINTON BAIE

Angoisses au mouillage

Le temps est venu de quitter le charmant décor de mangroves de Panamarina pour nous rendre dans la baie de Linton. C’est un bon point de départ pour se rendre dans les îles San Blas à environ une dizaine d’heure de navigation. L’ancre est posée à proximité du petit village, un peu à l’écart du mouillage très fréquenté. D’ici, ce sera plus facile de partir de sans déranger nos voisins. Nous observons autour de nous et réalisons que nous sommes entourés par des épaves et des voiliers abandonnés et j’ai l’étrange impression d’être dans un cimetière de bateaux. Je ne me sens pas à l’aise encerclée par ces fantômes. C’est alors qu’il me vient à l’esprit que nous sommes exactement à l’emplacement où des vols à mains armées ont eu lieu ces dernières semaines sur des bateaux (principalement de charter). Tant d’histoires pas très réjouissantes ont circulé à propos de ces agressions… Ici, dans cette région de narcotrafiquants, de nombreux gangs opèrent dans l’indifférence de la police corrompue. Notre petit voilier ne devrait pas être une cible pour les voleurs, sauf que nous voilà quand même un peu trop isolé et droit devant la gueule du loup ! La paranoïa nous laisse imaginer tous les scénarios possibles… Bref, nous ne fermerons pas l’œil de la nuit. Le lendemain matin, nous déménageons plus proche des autres voiliers et nous sommes ainsi plus en sécurité. C’est mieux !

Pluies sans relâche…

Patience, le mauvais temps nous condamne à rester ici pour encore une bonne semaine. Grâce aux bons conseils de notre voisin électricien, Tom répare notre autopilote qui ne fonctionnait plus.

Le tonnerre gronde, des pluies torrentielles accompagnées par des violents coups de vent font virevolter les bateaux dans tous les sens. Nous restons cloîtré à l’intérieur en attendant une accalmie et en vérifiant que notre ancre tient bien le coup. Le mouillage est très rouleur à tel point que c’est la première fois que j’ai le mal de mer sans naviguer !

Sur un bateau, il y a toujours des petites bricoles à effectuer, des travaux de maintenance et d’entretien. C’est autant de boulot qu’une maison ou plus… Comme nous sommes bloqués ici à Linton, nous profitons pour faire construire un nouveau sol de cockpit (qui est la trappe d’accès au moteur). En aluminium, nettement plus léger et plus pratique que notre ancienne plaque en acier beaucoup trop lourde, qui avait tendance à rouiller et qui n’était pas étanche… Vous vous souvenez ? A chaque fois qu’une vague remplissait le cockpit, l’eau rejoignait les cales… Ce n’est plus qu’un mauvais souvenir…

Les nombreuses averses et la grisaille deviennent franchement déprimantes. Ce n’est pas drôle la saison des pluies au Panama ! Quand le déluge se termine, nous pouvons enfin nous rendre à terre avec notre annexe. C’est comme un champs après la bataille, la mer est jonchée de déchets et de troncs d’arbres. A la marina de Linton Bay, il n’y a rien d’autre que la misérable boutique d’une station-service avec trois tables... Mais, pour nous consoler, nous trouvons du wifi et des bières fraîches à seulement 60 centimes la cannette. Malheureusement, la connexion au monde virtuel limite la communication et les rencontres, c’est la triste réalité du monde d’aujourd’hui où tout le monde est scotché devant son écran… Nous finissons tout de même par faire quelques connaissances et nous retrouvons Pascal sur son catamaran « Steel Band ». C’est la 4e fois que nos chemins se croisent depuis les îles Canaries et ça fait plaisir de le revoir !

Un intrus à bord…

Il est deux heures du matin, réveillée par la pluie, je me lève et m’allonge dans le lit du carré où j’ai moins l’impression d’étouffer que dans la cabine avant fermée pour éviter que l’eau rentre. Soudain, je sens passer comme un coup de vent au-dessus de ma tête !!! J’ouvre les yeux et j’aperçois voler une silhouette sombre… Vite ! J’allume la lumière et je vois qu’une banane a été mangée dans le filet suspendu où l’on stocke nos fruits et légumes. On m’avait dit que les chauves-souris adorent les bananes mais alors au point de venir, sans gêne, les chercher au-dessus de mon lit ! Ce matin, en voulant préparer le café, je découvre les cacas qu’elle a laissé sur la cuisinière. Elle a passé la nuit dans le trou de la hotte d’aspiration juste en dessus, une parfaite cachette. Bref, en tout cas, je n’aurai plus de bananes à bord avant que cette histoire ne soit complètement oubliée… C’est marrant le nombre de navigateurs qui nous ont proposés de nous offrir leur régime de bananes, maintenant on sait pourquoi !

SAN BLAS, UNE ESCALE A VIVRE, DIFFICILE A DECRIRE

C’est parti !

Nous choisissons de partir tranquillement avec la dernière lumière du jour. Rapidement, nous sommes face au vent et à la houle qui secoue notre petite embarcation… Nous qui pensions que ce ne serait qu’une petite promenade au moteur sur une mer d’huile, c’est loin d’être le cas ! C’est si inconfortable que le mal de mer en profite pour me mettre au point le plus bas, c’est à dire affalée sur le sol dans le carré sans pouvoir bouger un doigt d’orteil au risque de vomir. Tom assure la veille jusqu’à ce que le cocktail de comprimés anti mal de mer agisse et que j’arrive à me lever…

Les indiens Kuna

Le courant et le vent sont maintenant avec nous. Nous devons ralentir pour ne pas arriver trop tôt. Le soleil vient de se lever. L’horizon dévoile des chapelets de minuscules îles à raz de l’eau dont leurs bas-reliefs laissent apparaître des plages couronnées par de hauts cocotiers. Qu’est-ce que c’est beau !

L’archipel des San Blas est peuplé par l’étonnante civilisation des indiens Kuna. Composées de 360 îlots coralliens, une soixantaine seulement est habité par ce peuple dont la culture, la langue et les traditions sont encore très préservées. Un art de vivre qui perdure depuis des siècles. Les îles San Blas font partie du Panama mais ont acquis une semi-indépendance politique et les indiens Kuna sont très fier de leur autonomie.

Un orage vient droit sur nous et nous faisons quelques tours en attendant que le ciel s’éclaircisse à nouveau pour approcher l’île de Chichime. C’est une des îles les plus touristiques de l’archipel. Il y a quelques petites huttes en bambou à louer et une vingtaine de bateaux au mouillage. Nous choisissons un emplacement solitaire au Sud de l’île. Seul, isolé dans un décor de rêve… Fatigué par la nuit de navigation, nous tombons dans un sommeil profond. Quand soudain, une barque nous réveille en criant : « Hola Amigo ! » Je sors voir ce qui se passe, c’est un vieil indien Kuna sur sa pirogue creusée dans un tronc d’arbre, il veut nous vendre le poisson qu’il vient de pêcher. « Désolé mon gars, mais il est 9h, on dort et on n’a pas de frigo, alors pour le poisson tu peux revenir à 17h, pas avant ». Bon, comme je ne parle pas la langue des Kuna ni l’espagnol, il n’a pas compris et deux heures plus tard, le voilà qui revient. Il insiste et ne nous lâche plus jusqu’à ce qu’on sorte de notre nid douillet. GRRRRR ! On lui répond bien gentiment « no gracias, et le mot magique : « manana » (qui veut dire demain en espagnol). Mais, « demain » n’existe pas chez les indiens Kuna. Ici, la vie se déroule au jour le jour dans la plénitude du moment présent. Loin de la frénésie des mouillages antillais et des « boat boy » insistants et parfois arnaqueurs, ce pêcheur sera le seul de tout notre séjour à avoir insisté pour nous vendre son poisson…

Les Kuna vivent dans de petites cahuttes rudimentaires en bambou au toit de palme. Les femmes tissent les fameux « molas », des créations qui sont avec la culture de noix de coco, l’activité économique principale de ce peuple indigène. C’est un jeu de superposition de plusieurs couches de tissus, découpés et minutieusement ourlés selon différents motifs. Certains sont de pures œuvres d’art ! Les femmes portent les molas brodés au niveau de la poitrine et du dos, leurs bras et leurs jambes sont enlacés de bracelets très long composés de perles en plastiques qui forment des motifs géométriques. Les Kuna sont tout petits et nous paraissons géants à côté d’eux ! Par respect, je n’ai pas osé les prendre en photo, c’est bien dommage car il y en aurait eu des images fabuleuses à capturer…

Un problème vient occuper nos premières journées au paradis...

Un bateau, c’est parfois un ensemble de problèmes qui s’enchaînent… Plus un bateau est grand et plus grand sont les problèmes ! A peine arrivé au paradis, voilà qu’un vide d’air s’est créé dans notre système d’entrée d’eau de mer qui alimente à la fois le refroidissement du moteur, le robinet d’eau de mer de la cuisine et la chasse d’eau des WC. Ne me demandez pas comment cela a pu se produire ? Mystère… Le résultat est très embêtant : plus de moteur, plus de chasse d’eau et plus d’eau pour faire la vaisselle ! De quoi occuper Tom deux journées à se casser la tête pour trouver la solution et c’est gagné ! OUF ! J’ai bien cru qu’on allait rester coincé à vie dans cet extraordinaire décor et que je devrais utiliser le même sceau pour faire mes besoins et la vaisselle…

Rencontres à Barbecue Island

Nous quittons Chichime pour nous rendre à Banedup, trois minuscules ilots de cocotiers, de parfaites images de cartes postales. Sur les îles, on fait le tour en moins de cinq minutes à pieds, alors comme je n’ai pas de quoi défouler mes gambettes d’hyperactive et bien je fais mon exercice quotidien sur ma planche de stand up paddle et en snorkeling à la découverte du monde sous-marin exceptionnel ! D’une beauté à couper le souffle ! Les jardins de coraux sont d’une diversité incroyable !

Nous levons l’ancre et poursuivrons vers Hollandes Cays. Le bleu se décline dans toutes ses tonalités et Vagabond repose sur une piscine turquoise de 3 mètres de fond. Une petite île de cocotiers, une plage de sable blanc… Comment vous décrire cet endroit autrement qu’en vous disant que c’est exactement l’image que dans ma vie d’avant, je mettais en fond d’écran d’ordinateur pour rêver et m’évader…

Alors que je commençais à être en manque de vie sociale, un jeune couple de français rencontré à Linton Bay est arrivé. Ils naviguent sur un petit bateau de 10 mètres en acier de couleur rouge : le « Dir Nador ». Luca et Anna ont 24 ans, ils sont les plus jeunes que l’on est croisés jusqu’à présent et cela fait plaisir car beaucoup attendent la retraite pour réaliser leurs rêves…

Barbecue Island est un lieu propice aux rencontres. Nous sommes six voiliers au mouillage. Aujourd’hui, un de nos voisin nous invite à la fête d’anniversaire de son fils qui va célébrer ses 8 ans. Barbecue porte bien son nom, on se régale de grillades de poisson au bord de l’eau. C’est la première fois depuis le début de notre voyage qu’il y a autant de navigateurs voyageurs avec des enfants réunis au même endroit. Les gamins sont heureux de pouvoir jouer tous ensembles sur cette petite île frôlant la perfection. Nous faisons la connaissance d’un couple américain avec leurs fils de 8 ans et leur fille de 6 ans. Des hollandais avec deux adolescentes de 13 et 14 ans et une grande famille anglaise avec 4 gamins de 6 à 13 ans ! Les parents rêvent de prendre la route du Pacifique, mais leurs adolescents rêvent d’aller à l’école et d’avoir des camarades… Les familles ne passeront pas le canal et prendront le chemin du retour à une vie plus sédentaire… Il y a aussi un couple américain qui a pris sa retraite ici et ne bouge plus depuis des années, je les comprends, il y a pire comme endroit pour rester scotché !

L’ambiance est chouette entre les bateaux copains. Danis, le hollandais, est un véritable pro de la pêche au harpon. Aujourd’hui, il a attrapé un énorme barracuda de 15 kg et avec lui comme voisin, nous mangeons du poisson tous les jours ! Mais nous avons aussi les requins comme voisins, car tous les soirs, lorsque Danis prépare le poisson à l’arrière de son bateau, ils sont attirés par les appâts. Mieux vaut éviter la baignade à ce moment-là !

La pêche au harpon

Nous quittons Barbecue pour jeter l’ancre en face d’un récif offrant de fantastiques parties de chasse sous-marine ! Pour arriver jusque-là, nous traversons un véritable labyrinthe de coraux. Nous retrouvons nos amis et sommes trois bateaux, isolés, au cœur d’un décor de bleu fabuleux ! Tous ensembles, nous passons de sympathiques soirées sur le voilier « Le rebelle ». Lionel nous gâte avec le poisson qu’il a pêché. Quel régal !

Nos provisions sont épuisées, il ne nous reste que quelques produits de base et quelques misérables boîtes de conserves qui ne font pas envie. Il va falloir se mettre à pêcher ! La première fois que j’ai eu le harpon dans les mains en quête d’un poisson pour notre souper, prise de pitié, je n’osais pas tirer. Puis, j’ai attrapé mes premiers poissons et la chasse sous-marine est devenue une passion ! On n’a plus jamais mangé de thon en boîte !

De grand requins nourrices inoffensif sont posés au fond de l’eau et ne semblent pas s’intéresser à nous. Je finis par m’habituer à leur présence… De nombreuses gigantesques raies léopards et sting raies semblent voler sous l’eau, c’est majestueux ! Leurs tailles dépassent ce que l’on a vu jusqu’à présent dans les Antilles ! Malheureusement, la gopro est foutue, obsolescence programmée. Je regrette de ne pas pouvoir vous montrer des images et des films de ce décor extraordinaire. L’objectif de notre appareil photo rend l’âme à son tour et on ne peut plus qu’utiliser le grand angle ou le téléobjectif, ce qui limite les prises de vue. Fini les photos et les films, dommage…

L’enfer au paradis

Tom tombe malade, abattu par une violente diarrhée et de la fièvre. Sa température oscille de 34.8° à 39.8° degrés et il frisonne de tout son corps. Le vent s’est levé, il fait meilleur à l’intérieur du bateau que dehors. Nos amis sont repartis et nous sommes désormais seul au mouillage, isolé de tout, entouré d’eau. Les îlots sont loin. J’ai peur. Vous savez, on pense que voyager avec une infirmière est un avantage, mais ce n’est pas forcément le cas. Tout d’abord, je suis spécialisée dans les troubles psychotiques. Ce qui veut dire que si Tom se met à avoir des hallucinations ou délirer, je saurais peut-être quoi faire, quoi que nous n’ayons pas embarqué de traitement neuroleptique à bord… Bref, le désavantage d’une infirmière, c’est qu’elle imagine toujours le pire ! Me voilà donc un peu débordée par les événements… Tom s’affaiblit, perd beaucoup de liquide et à ce rythme-là, il va bientôt plus que lui rester la peau sur les os… Il a chopé soit un virus, soit une bactérie, soit un parasite ? Que faire ? Il essaie de prendre un antibiotique à large spectre en espérant que ça finira par passer. Trois jours plus tard, la diarrhée s’est apaisée et la fièvre est tombée. Enfin, Tom est capable de lever l’ancre et nous quittons ce mouillage devenu un enfer ! En traversant le labyrinthe de coraux, quelques sueurs froides viennent encore nous tourmenter dans ce dédale d’obstacles car notre souris GPS nous lâche au moment où il ne faut surtout pas ! Les cartes Bauhaus sur l’application Open CPN sont très précises et nécessaires pour naviguer ici. L’ordinateur est posé sur la table à carte. Debout sur le balcon à l’avant du bateau, avec mes lunettes polarisées, je repère le passage entre les récifs et aide Tom à la barre pour nous sortir de là. Ouf !

A sec de vivres…

Après un peu moins de 3 heures de navigation, nous arrivons à Green Island. Une très jolie île de cocotiers. Le mouillage est calme et si paisible, c’est magnifique ! L’eau est plate comme un lac ! Seul bémol, l’eau est trouble et sachant qu’il y a déjà eu une attaque tragique de crocodile ici et bien on a préféré ne pas aller se baigner…

Le lendemain, nous rejoignons Nargana, une île village proche de la côte. Nous sommes à sec de vivres. Le pire, c’est de ne plus avoir d’huile et cuisiner sans matière grasse ce n’est pas évident ! On voit le fond de notre coffre à provision et il ne nous reste pratiquement plus que du riz et des pâtes… De loin, l’île ressemblerait presque à un bidonville. Les cahuttes en bambou et feuilles de palmes ou aux toits de tôle sont des plus rudimentaires. Plus de verdure et plus de cocotiers, les maisons s’entassent les unes contre les autres. Le village a un certain charme. Nous sommes surpris par le nombre de places de jeux pour les enfants ! Les habitants sont plutôt discrets, ils ont tendance à nous ignorer, mais les enfants regardent toujours Tom avec de grands yeux, c’est clair qu’un grand blond ça ne court pas les rues par ici ! Il y a même un petit gamin qui s’est jeté dans ses bras pour un câlin ! Adorable !

A l’hôpital…

Durant la nuit, Tom a de violentes douleurs aux niveaux des ganglions sous les aisselles au point de devoir prendre un antidouleur puissant. Le lendemain, inquiets, nous nous rendons dans le petit dispensaire. Le très gentil docteur Kuna fait le même diagnostic que moi car par manque de laboratoire, les analyses ne sont pas possibles… Du coup, puisque Tom a déjà pris un traitement antibiotique, ne reste plus qu’à tenter un traitement antiparasitaire costaud. L’avantage, c’est que ce traitement ne dure qu’un seul jour. Soit, Tom ira mieux, soit il nous faudra vite retourner dans un endroit plus « civilisé » comme Colon ou Panama City faire des examens. Heureusement, le traitement semble avoir de l’effet. La consultation médicale est gratuite et les médicaments nous ont coûté que 10 dollars !

« Poubelle Land »

A Nargana, une alarme annonce une séance de nettoyage du village. Toutes les femmes se réunissent et arpentent les rues armées de leur balai. Quelques heures plus tard, le village pittoresque est propre, balayé de toute ordure. On a cru que ça se passait comme cela tous les jours, mais non, en fait, c’était une punition par le conseil du village ! Deux jours auparavant, c’était la fête de la Vierge Marie et ici cela correspond à la fête des mères. Les femmes ont alors le droit de faire tout ce qu’elles veulent, peut-être qu’elles ont abusés ?

Un nombre de déchets hallucinants provenant du continent sont emportés par les courants, ils flottent sur l’eau et finissent par encombrer les plages. Le Panama ne sait pas gérer ses ordures. Il n’y a pas de service régulier de ramassage comme chez nous. Dans le pays, c’est bien pire que chez les Kuna, les villages croulent sous les poubelles, c’est dramatique…

En tant que navigateur, nous sommes très attentifs à nos déchets car on doit les stocker à bord jusqu’à ce qu’on puisse les éliminer de manière correcte. Nous limitons un maximum les emballages plastiques et les bouteilles PET. Tous les produits de base (riz, lentilles, pates, couscous, céréales, farine, sucre…) sont stockés dans de grandes boîtes étanches. Le verre est gardé à bord et utilisé pour d’autres usages. Les canettes en aluminium sont récupérées et recyclées, nous les donnons aux Kuna qui sont contents de gagner quelques dollars en les revendant. Les quelques boîtes de conserves en métal sont jetées par-dessus bord au large des côtes et finiront par rouiller au fond de l’eau, offrant des maisons aux poissons…

Décapiter un poulet…

Nous sillonnons les rues du village en quête de quelques petites épiceries, certes des plus rudimentaires, mais contenant les produits de base. Il y a même du poulet ! Mais il a fallu le dépiécer et je suis presque devenue végétarienne quand j’ai dû lui couper les pâtes et la tête ! Finalement, c’est Tom qui a fait le boucher car c’était absolument au-delà de mes moyens ! Chez nous en Occident, on finit par oublier à quoi ressemble un poulet ou un poisson et combien de temps de préparation cela requiert avant qu’il finisse dans notre assiette… Ici au moins on a conscience de ce que l’on mange.

Nos filets à légumes et nos coffres à provisions sont remplis et nous avons fait le plein d’eau douce. Au début du séjour dans les San Blas, la pluie suffisait à remplir nos réservoirs et nous pouvions même faire la lessive ! Aujourd’hui, la saison des pluies touche à sa fin, l’eau douce est très précieuse et chaque goutte est économisée ! 1.5 litres par jour d’eau douce par personne pour se doucher !

Coco Bandero

Le cap est mis sur Coco Bandero à environ 5 milles nautiques de Nargana. Coco Bandero est encore une image parfaite de carte postale. Le temps semble s’être arrêté et nous n’avons plus envie de repartir… Un voilier américain est mouillé un peu plus loin, nous ne sommes que deux à nous partager ce petit coin de paradis ! Parfois, des catamarans de charter débarquent avec une beaucoup de touristes entassés à bord, mais ils ne restent que quelques heures et repartent aussitôt, ne laissant même pas le temps à leurs clients de vraiment savourer cet endroit merveilleux, juste le temps de prendre quelques clichés.

Un Kuna passe nous voir pour nous vendre des langoustes qu’il vient de pêcher sur le récif avec sa pirogue. Pour lui faire plaisir et parce qu’il est sympa, nous finissons par accepter de lui acheter ses langoustes (qui sont un peu trop petites). Cinq pièces pour 10 dollars ! Dire qu’en Occident, la langouste fait partie des menus de fête et de luxe… Ici, elle fait partie du quotidien et on finit même par s’en lasser !

Poursuivie par un requin

Depuis que je suis aux San Blas, j’ai deux phobies. Mon pire cauchemar : avoir un boa constrictor à bord du bateau ! Si, si c’est possible, c’est arrivé à nos amis, un boa est monté à bord de leur bateau par le régulateur d’allure et il ne voulait plus repartir ! Et ma deuxième plus grande crainte se sont les requins…

Nous pêchons et préparons le poisson tous les jours en jetant les restes par-dessus bord… Du coup, les requins connaissent notre adresse : Restaurant Vagabond, rdv tous les midis et tous les soirs ! Ici, il y a à bouffer sans faire d’effort ! Je nageais à proximité de notre bateau en quête du troupeau de poissons que j’avais repéré auparavant. Soudain, je me retrouve avec un énoooorme requin nourrice juste derrière moi. Si d’habitudes ces bestioles tapissent les fonds marins et sont plutôt du genre tranquille, ben pas celui-là ! Il était plutôt du genre curieux et il s’est mis à me suivre. Il a senti ma peur et j’ai dû le déranger dans son garde-manger. Impressionnée par sa taille, je n’ai jamais vu un animal aussi grand dans l’eau ! Un adulte peut atteindre 2 à 3 mètres… J’ai eu la trouille de ma vie et j’ai fait tout faux : j’ai paniqué, je lui ai tourné le dos et j’ai nagé comme une débile en direction de la plage ! Vous pensez bien qu’il m’a suivi et qu’il était capable d’aller bien plus vite que moi ! J’ai hurlé : « Au secours ! Tom ! Vient vite me chercher ! Il y a un requin de 3 mètres qui me poursuit !!! ». Bon, l’histoire se termine bien, mais j’ai appris ce qu’il ne faut surtout pas faire ! Finalement, pour relativiser un peu mes peurs : « ce qu’il faut savoir, c’est que les attaques de requins sont relativement rares et que les moustiques tuent 80.000 fois plus dans le monde que les requins ! En effet, les moustiques tuent 800.000 personnes par an, les serpent 100.00, les crocodiles 2000, les méduses 50 et les requins « à peine » dix personnes !

Retour à Linton Bay

Le retour à Linton Bay est encore pire que l’aller. Secoué par une houle de m…, je souffre… Ça se mérite les San Blas ! Un banc de dauphins nous accompagne pendant 45 minutes, ils s’amusent devant l’étrave du bateau, nous offrant un superbe ballet ! Que d’émotions !

Nous sommes de retour dans la baie de Liton pour préparer le passage du canal de Panama. Avant de quitter les San Blas, j’ai passé trop de temps dans l’eau et j’ai réussi à prendre un bon coup de froid ! Certes 27 degrés, c’est chaud mais l’eau finit par être froide si on y passe trop de temps en quête d’un poisson au bout de sa flèche…

Noël approche mais ici on ne s’en rend pas vraiment compte, si ce n’est le méchant rhume que j’ai chopé qui me rappelle l’hiver… Nous sommes bien loin de toute l’effervescence commerciale et de la course aux cadeaux et les fêtes se passeront en toute simplicité…

Vagabond et son équipage vous souhaite de joyeuses fêtes ! Vous envoie un peu de chaleur et de soleil et vous remercie pour vos commentaires, vos messages et vos encouragements et vous dit à l’année prochaine pour de nouvelles aventures dans le Pacifique !

PS : Le réseau est très faible, je ne peux malheureusement pas mettre davantage d'images, mais vous trouvez beaucoup de photos dans la rubrique PICTURES sur le site et un film est sur Youtube...


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