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BONAIRE, LE PARADIS DES PLONGEURS


4 jours en mer

Au large du Venezuela, les îles ABC ainsi nommées d’après les initiales de leurs noms : Aruba, Bonaire et Curaçao forment les Antilles Néerlandaises. Nous quittons les îles Grenadines en mettant le cap sur la plus proche : Bonaire. Nous passerons quatre jours en mer. Les conditions sont idéales avec des alizés modérés jusqu’à 25 nœuds maximum. Les couchers de soleil sont somptueux et les nuits magiques, éclairées par la pleine lune. Des dauphins viennent compléter ce tableau presque parfait. Quel spectacle ! Ils filent en avant du bateau, reviennent en arrière et sautent et hop ! Et ils recommencent dans un mouvement de ballet harmonieux, waouh !

Impossible de pêcher avec ces tapis d'algues toujours présent... Néanmoins, au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers l'ouest, les sargasses enfin diminuent. Alors, j'insiste avec mes lignes de pêche, dans l'espoir de varier un peu notre alimentation devenue pratiquement végétarienne. Une superbe dorade coryphène nage à côté de Vagabond pendant des heures. Vêtue de ses belles couleurs flamboyantes, elle est carrément hypnotisante ! Elle ne sera pas assez stupide pour mordre à l’hameçon. De nombreux oiseaux dansent dans le ciel et j'ai bien peur qu'ils tentent d'attraper le petit poulpe en plastique. Nooon ! Oust ! Loin ! Dégagez ! Nous jouons les épouvantails et finissons par oublier la pêche, car dans cette région, on n'a plus de chance d'attraper un pauvre oiseau plutôt qu’un poisson.

Depuis la traversée d’Atlantique, c’est la première fois que nous sommes plusieurs jours en mer... Gentiment, nous digérons encore cette rude épreuve et reprenons confiance. Ouf ! Fini les galères et plus de mal de mer ! Toutefois, il nous est quand même arrivé un événement insolite : nous avons failli entrer en collision avec une gigantesque armoire réfrigérante !!! Un truc de fou ! D'autant plus qu'elle était habitée par un oiseau posé dessus. Et dommage, elle n’était pas remplie de bières fraîches… Nous avons eu la chance de l’apercevoir juste à temps pour l'éviter, incroyable ! Contre notre coque en acier, le choc nous aurait laissé une jolie bosse mais contre une coque en polyester, le résultat serait probablement comme dans le film "All is lost" avec Robert Redford... La probabilité d’avoir à nouveau un OFNI (un objet flottant non identifié) sur notre trajet est maintenant très faible, nous passerons des nuits tranquilles.

C’est sous l’eau que le charme opère…

Le soleil se couche alors que nous rapprochons de Bonaire. A l'abri de l'île, nous naviguons sur une eau plate comme un lac, avec simplement le foc, nous sommes toujours à 5 nœuds de vitesse. Au milieu de la nuit, nous amarrons Vagabond juste à l'entrée du port. Nous attendrons le lever du jour pour aller prendre une bouée d'amarrage (facturée 10 dollars par jour). Jeter l'ancre est strictement interdit (ainsi que la pêche), nous sommes dans une réserve maritime. Au premier abord, le mouillage n’a pas grand charme, nous sommes alignés les uns à côté des autres sur deux rangées de bouées devant la ville principale de Kralendijk, un nom bien hollandais. Mais le charme opère dès que l’on met la tête sous l'eau. Tout un monde extraordinaire s'offre à nous ! Qu’est-ce que c’est beau ! Nous sommes juste sur le tombant du récif recouvert de coraux et de poissons et le fond descend rapidement jusqu'à plusieurs dizaines de mètres. L’eau couleur lagon est si claire que nous pouvons observer, depuis notre cockpit, les poissons colorés évoluer dans le bleu profond… Magnifique !

Au mouillage, il y a une trentaine de voiliers de voyage de différentes nationalités. Beaucoup tombent sous le charme cette île et l’escale se prolonge… C’est notre cas…

La Hollande sous les tropiques

Bonaire est une municipalité à part entière appartenant à la Hollande. Ses liens renforcés avec les Pays-Bas lui garantissent certains avantages. Cependant, la monnaie utilisée est le dollar américain. Les deux langues officielles sont le néerlandais et le papiamento, une langue très chantante dont la base principale est le portugais sur lequel s'est greffé beaucoup de termes espagnols, quelques expressions néerlandaises et anglaises. Les quelques 18 000 habitants parlent aussi l'anglais. Je ne crois pas avoir déjà rencontré une population aussi cosmopolite ! Des africains aux Sud-américains en passant par les asiatiques et les immigrés européens, il y a vraiment une grande diversité. Tout de suite, nous sommes séduits par la gentillesse et le sourire des habitants.

Kralendijk est une ville à l'européenne avec des boutiques de souvenirs et d’artisanat, des bijouteries, des restaurants... Cependant, elle possède un charme particulier et la rue principale est très jolie avec ses maisons coloniales tout en couleur.

Le paradis des plongeurs

Bonaire est entourée par un récif et nommée parmi les meilleures destinations mondiales de plongée ! Il y a plus de 80 sites accessibles très facilement depuis le rivage. C’est le paradis des plongeurs ! Beaucoup d'effort sont réalisés pour préserver les coraux et en faire pousser de nouveaux. Des bouées nous permettent d'amarrer notre annexe sur les différents spots. En voiture, les sites sont indiqués par des pierres jaunes en bord de route.

Notre voilier Vagabond est situé juste devant le centre de plongée et à force de voir les plongeurs buller sous notre bateau, je me suis décidée à m’offrir un baptême de découverte. Je me souviendrai toute ma vie de cette première impression de pouvoir respirer sous l’eau et de faire partie du monde sous-marin. Je rêvais depuis si longtemps de pouvoir vivre cette expérience. J’aimerais passer le PADI et avoir ainsi l’occasion de pouvoir, de temps en temps, m’offrir le plaisir d’évoluer au fond de l’eau sans avoir le souci de devoir remonter à surface reprendre mon souffle. Cependant, je reste une passionnée de randonnée palme masque tuba (snorkeling) et d’apnée (free diving). Car c’est la liberté de pouvoir nager des heures et ainsi observer beaucoup de choses. C’est tout un art de gestion du souffle pour pouvoir descendre toujours plus profond et toujours plus longtemps. Enfin, c’est la récompense de pouvoir parfois nager les tortues ou les raies… Et puis, c’est gratuit alors que la plongée représente un budget non négligeable.

Le supermarché, un moment de rencontres entre navigateurs

Deux fois par semaine, le grand supermarché offre le service taxi pour les navigateurs. L'occasion de faire connaissance avec nos voisins. Aujourd'hui, nous sommes une dizaine à attendre le véhicule qui nous emmène au pays de la consommation. Depuis l'Espagne, nous n'avions plus vu un tel magasin aussi bien achalandé. Les prix sont plus raisonnables que dans les îles Grenadines, alors, enfin on peut profiter pour refaire un peu d’avitaillement. On a même trouvé des bonbons Haribo ! Notre sac est rempli de bouteilles de vin rouge et nous dégusterons un tendre steak de bœuf, ça faisait longtemps !

Nous rencontrons des compatriotes suisses : Jean et Monica. Leur histoire est particulière car ils ont commencé la voile qu’à l'âge de 50 ans et ils sont parti il y a 18 ans. Ils avaient le projet de passer le Cap Horn, mais ils ont eu des conditions si extrêmes qu’ils ont dû abandonner et rebrousser chemin… Depuis, ils naviguent dans les Antilles… Ensembles, nous louons une voiture pour visiter l'île.

Des panoramas à couper le souffle !

Bonaire offre des panoramas époustouflants !!! L'île mesure 39 km de long sur environ 6 de large. Nous empruntons la route du sud, le relief est plat. Nous découvrons des forêts de mangroves, seule végétation de cette zone de l’île en raison du sel et du vent. Les salines recouvrent un quart de la surface de l’île. Vu de loin, les montagnes de sel ressemblent à des monts enneigés, elles entourées de lacs roses, des paysages fantastiques et surprenants ! La couleur rose éclatante est due à un micro-organisme qui se développe dans les bassins où l’eau a la plus forte concentration en sel. L’écume blanche qui borde les bassins s’envolent au moindre coup de vent, c’est magique, on dirait de la neige !

Nous observons de nombreux flamants roses, le symbole le plus représentatif de Bonaire.

Nous admirons aussi les nombreux ânes sauvages et sur l’île, il y a même un hôpital pour les ânes !

Durant la triste époque de l’esclavage, les esclaves étaient logés dans des minuscules maisons où l’on ne tient pas debout. Ces petites maisons sont aujourd’hui un site historique.

La route du Nord nous emmène dans le parc national. Le paysage est plus vallonné, mais le point culminant de l’île ne dépasse pas les 220 mètres. Nous circulons sur des routes ensablées dans un décor de Far West. Des cactus, encore des cactus, ils sont partout et mesurent jusqu’à 5 mètres de hauteur ! Des lézards bleus peu craintifs viennent manger dans nos mains tandis que des iguanes agressifs nous attaquent ! Ils étaient là avant l’être humain et ils ont le droit de revendiquer leur place. Bref, le décor est incroyable et nous profitons d’en prendre plein la vue pendant les quelques jours où nous avons loué la voiture. Le reste de notre séjour se passera la plupart du temps dans l’eau ou sous l’eau où nous nous régalerons à chaque sortie du monde sous-marin… Il parait que les raies Manta viennent parfois nager autour des bateaux, alors vous imaginez à quel point on peut s’attendre à tout lorsque l’on va dans l’eau !

Le temps est venu de faire nos adieux

La vie est douce à Bonaire, une escale coup de cœur, nous n’avons pas vraiment l’envie de repartir… L’ambiance au mouillage est sympathique. Mais la fenêtre météo tant attendue est arrivée et nous devons continuer vers Panama. Nous avons environ 1400 km à parcourir. Vagabond sera sorti de l’eau le 2 juin pour le stocker pendant notre retour en Suisse, le temps de remplir la caisse de bord avant de continuer le voyage… Alors, à bientôt les amis !

Vababond au mouillage devant le fameux arbre à sandales de Bonaire, un arbre porte-bonheur :-)


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