Seul, si petit, au milieu de cette immensité océanique... Dans l'intimité de notre microcosme, hors du temps, hors du monde... 45 jours sur l'eau et plus de 5400 km à la voile, au rythme de l'océan, jusqu'à ce que la terre, enfin, apparaisse à l’horizon ! Nous sommes arrivés de l'autre côté de l’Atlantique ! Envahis par un soulagement et une joie immense, nos yeux se remplissent de larmes... L'émotion est grande, indescriptible !
La longue traversée fut une épreuve difficile. Je peux être fier de mon capitaine et de notre voilier Vagabond qui ont menés, avec bravoure, une rude bataille sur un océan hostile et trop rarement bienveillant...
Un océan grandiose et majestueux quand il s'élève en montagnes blanches d'écume... Nous l’avons subi avec prudence en nous adaptant à lui. Parfois poussés jusqu'à nos limites physiques et mentales...
Un océan en colère, qui ne nous a pas épargné et nous a offert que très peu de moments de répit... Des alizés violents, inépuisables, infatigables ! Le tourmentin (une toute petite voile de tempête) a été plus utilisé que le génois (voile de plus grande taille pour le beau temps) et nous n'avons, évidemment, pas battu de record de vitesse !
Avec la taille de notre bateau (9,5 mètres), nous espérions arriver au bout de 30 jours. Cependant, des conditions météorologiques démentielles et un enchaînement de graves problèmes techniques, nous ont obligés à réduire la surface de voile au minimum et à ralentir la cadence à un rythme de tortue... Nous n’avions pas le choix… L'essentiel est d'être arrivés sain et sauf !
Le journal de bord
(1 mille nautique = 1,8 km. Un nœud = 1 mille nautique/heure. Pour simplifier et avoir les valeurs en km/h, c’est simple : compter le double).
Début janvier. Attendre la fenêtre météo
Nous sommes à Lanzarote, trépignant d'impatience en attendant la fin d'une dépression et une fenêtre météo pour un départ dans les meilleures conditions. L'appel du large se fait ressentir et l'idée d'être enfin sous les tropiques nous réjouis. Hélas, depuis plusieurs jours, une alerte remplace les prévisions météorologiques affichées, d'habitude, chaque jour à la capitainerie : « vents violents, vagues énormes, vérifier bien vos amarres dans le port ». A quelques jours d'un départ d'une transatlantique, ce n'est pas très rassurant !
Enfin, un créneau météo s'offre à nous. Le départ est prévu le 10 janvier, en même temps que la coupe Atlantico, un petit rallye de 6 voiliers qui effectuent aussi la traversée jusqu'en Martinique. Pour l'occasion, nous sommes invités à la fête du départ au fameux Sailor Bar One à la Marina Rubicon. Une soirée très sympathique propice aux rencontres avec d'autres navigateurs dont Juan, un sacré personnage qui jouit d'une certaine notoriété car il va accomplir sa 14e transat en solitaire sur son voilier Vagabundos !
10 janvier 2018. Le départ
Nous larguons les amarres avec émotions et quittons le port. Dans la baie, le départ du rallye vient d'être donné. Juan nous rejoint, pour le plaisir de voir Vagabundos et Vagabond naviguant côte à côte, le temps de se dire : "Rendez-vous en Martinique pour un p’tit punch !". Il y sera probablement bien avant nous...
Une légère brise gonfle le génois, l'île s'éloigne lentement derrière nous. Tandis qu’une bande de dauphins nous escortent alors que le soleil disparaît dans un ciel enflammé.
Le trajet
Pour aller aux Antilles depuis les Îles Canaries, il y a plusieurs options. Nous avons choisi la route qui consiste à descendre cap sud-ouest jusqu'à 200 milles nautiques du Cap Vert où s'établissent les alizés (vents réguliers de NE et E en hémisphère nord et SE et E en hémisphère sud). Puis faire cap à l'ouest jusqu'aux Antilles.
Nous avons devant nous un long trajet de 3000 milles nautiques (5400 km) jusqu'en Martinique.
2e jour. Le deuil de l’autopilote...
La pièce de fixation de l'autopilote à la barre vient de lâcher et nous n'avons, pour l'instant, pas les moyens de réparer. Mince ! Bon, pas de panique ! Heureusement, nous avons un régulateur d'allure mécanique Ariès qui va devoir diriger le bateau pendant toute la traversée. L'achat d'un autopilote électronique costaud et surdimensionné pour la taille de notre bateau était une sécurité et un complément au régulateur d'allure mécanique…
La lutte contre le mal de mer
Anéantie par un féroce mal de mer, je souffre. Tom s'inquiète. Je me force à m'hydrater mais tout ressort direct et je m'affaiblis. Le patch de scopoderm ne suffit pas alors j'essaie de compléter avec des comprimés de stugeron. En bonne infirmière que je suis, j'espère qu'il n'y a pas d'interaction entre les deux médicaments. J'ajoute des gélules de gingembre, de l'homéopathie, des bracelets d'acupuncture, etc. bref, je sors toute l'artillerie ! Finalement, je ressuscite et j'arrive à gérer ce mal, qui me sera, hélas, fidèle tout au long du voyage. Revenant en force à chaque fois que je croirai enfin m'être amarinée...
5e et 6e jour. Un décor apocalyptique !
Le vent hurle et forcit brutalement atteignant 40 à 50 nœuds ! L'océan se creuse et des montagnes s'élèvent ! C'est majestueux ! Les lames énormes déferlent dans un bruit de tonnerre assourdissant en laissant des traînées d'écume. Le spectacle est inoubliable, grandiose, fascinant, mais paniquant ! Vagabond chevauche des montagnes russes. Il surf poussé par les collines d'eau qui s'élèvent derrière lui. Des vagues de travers le frappent violemment et l'engloutissent ! On se croirait dans une machine à laver ! "Est-ce que le bateau peut chavirer ?" C'est ma plus grande crainte.
Tom tente comme il peut de me rassurer. Il reste d'un calme remarquable et réfléchit avant d'entreprendre chaque action. Il installe le tourmentin. À l'avant du bateau, c'est sauvage ! La manœuvre s’avère périlleuse. Tom se cramponne pendant que moi, je dois rester concentrée et garder le cap en tenant la barre de toutes mes forces...
La petite voile en place, nous ne pouvons plus rien faire d’autre que d’attendre une accalmie. Nous nous enfermons à l'abri, à l'intérieur dans notre petit cocon. La tempête, estimée force 8 à 9 beaufort, ce qui est beaucoup pour un petit bateau comme le nôtre, va durer 36 interminables heures et nous faire dériver...
Le régulateur d’allure Ariès est endommagé...
L'Ariès rencontre des difficultés à diriger le bateau dans la houle énorme qui arrive de trois directions différentes. Nous prenons la barre et essayons de remettre le bateau sur le bon cap. Et tout d'un coup, nous constatons que l'Ariès, pourtant réputé comme étant le régulateur d'allure le plus costaud, est endommagé à deux endroits différents (au niveau du système de drosses et au niveau de la fixation du support principal).
Franchement, c'est la catastrophe et j'ai peur ! Si l'Ariès nous abandonne, on est mal ! Nous n'imaginons pas tenir la barre pendant toute la traversée ! En urgence, Tom réussi à bricoler avec les moyens du bord, une solution provisoire. Sauf que l'Ariès est maintenant "handicapé" et tiendra plus difficilement le cap. Il va nous ralentir et nous donner beaucoup de soucis pour le restant de cette traversée... (A la fin du texte, vous trouverez un petit paragraphe qui explique le fonctionnement de l’Ariès).
7e jour. Retour au calme
C'est un autre décor qui s'annonce et une magnifique journée ! Nous récupérons, prenons soin de nous et du bateau. Nous avançons harmonieusement cap sud-ouest par vent portant (dans le dos) avec seulement le foc tangonné (voile de surface moyenne maintenue avec un tube en aluminium pour davantage de stabilité) à une vitesse moyenne de croisière de 4 à 5 nœuds (8 à 10 km/h). Notre bateau n'est certes pas rapide mais il est sûr et costaud. Il se comporte vraiment très bien dans les vagues et vient de nous montrer de quoi il est capable.
8e jour. Le bateau prend l'eau !
Aujourd'hui, nous soulevons le plancher et... vilaine surprise ! L'eau recouvre tous nos fonds de cale !!! Mais par où a pu rentrer toute cette eau ??? Ce problème est très ennuyant, d'autant plus que nous avons stocké une partie de nos réserves de nourriture. Il a fallu sortir boîtes après boîtes, les nettoyer, les sécher et les stocker ailleurs. Ensuite, écoper l'eau… Et mince ! Il faudra traiter et repeindre les fonds de cale qui vont rouiller avec l'eau de mer. Bref, on ne s'ennuie pas ! Un petit détail : la pompe de cale électrique a dû être désactivée suite à un problème technique. Tant pis, de toute manière nous sommes plus rapide à la main pour écoper l'eau...
9e au 15e jour. Coups de vent et grisaille
Les teintes grises du ciel et de l'eau rehaussent l'aspect austère du paysage. Le ciel est chargé d'un épais manteau de nuages qui laisse de temps en temps s'échapper des gouttes de pluie. Le vent souffle à 30 nœuds et l'océan se déchaîne avec une houle croisée d'environ 3 mètres, rendant la vie à bord très inconfortable ! Difficile de trouver le sommeil en étant valdingué dans le lit. Dérangé aussi par le vacarme de tous les objets qui s'entrechoquent et qu'on essaie, tant bien que mal, de caler le mieux possible.
11e jour. L'eau remplie les cales
J'aimerais me réveiller, que ce ne soit qu'un vilain cauchemar ! Les cales se sont remplies d'eau, jusqu'à la limite de déborder par-dessus le plancher ! Cette fois-ci, ce n'est plus qu'un fond d'eau de quelques centimètres, c'est beaucoup plus grave ! J'imagine déjà le scénario catastrophe... Mais pas de panique ! Il en faut bien plus pour couler et il faut se ressaisir ! Mais d'où vient toute cette eau ??? Rapidement, nous concluons avec évidence : c’est la vague qui a méchamment rempli le cockpit, qui vient juste de nous démontrer son manque d'étanchéité ! En effet, le sol de notre cockpit est une trappe qui donne accès au moteur, difficile à rendre parfaitement étanche. Bref, la liste des travaux à faire à notre arrivée s'allonge. Mais en attendant, il va falloir vider l'eau régulièrement tout au long de cette traversée...
La cuisine à bord
Nos lignes de pêche n'ont données aucun résultat. Tant pis, nous nous contenterons du thon en boîte. Malgré l'absence de poisson frais, il faut dire que nous nous régalons tout au long de cette traversée ! C'est très important pour le moral de l'équipage de bien manger et puis j'adore cuisiner ! Notre coffre est plein de vivres et nous ne manquons de rien, si ce n'est de bonbons Haribo (on est accro) et de produits frais, nous n'avons pas de frigo. Les fruits et légumes ont duré presque trois semaines, la palme d’or revenant au pamplemousse : champion de longévité de conservation !
Avec un peu d'imagination, il est possible de concocter de succulents menus, même avec des boîtes de conserve, il suffit d'y ajouter des épices et j'en ai toute une collection ! Il faut dire que quelques boites sont tout de même passées par-dessus bord dès l'ouverture, parce qu'elles ressemblaient davantage à de la bouffe pour chat ! Tom n'est pas difficile, il les aurait mangés mais certainement pas moi !
Au menu : des curry indiens (légumes, lentilles ou pois chiches), de délicieux couscous (menu idéal sur un bateau, facile et rapide à faire), des spaghettis sauce tomate (le capitaine en raffole), du quinoa, etc.
Cuisiner et faire la vaisselle relève d'un exploit acrobatique qui serait impossible sans la ceinture autour des fesses permettant d'avoir les deux mains libres. Car la règle d'or sur un voilier, c'est de toujours se tenir avec une main ! Sinon, on peut vite se retrouver projeté contre un objet qui fait mal ! Aille !
L'eau douce
L'eau douce est vitale et nous l'économisons ! Nous disposons de 130 litres dans 2 réservoirs fixes ainsi que 60 litres dans des bidons et 1 bouteille d'eau par personne par jour (70 bouteilles avec une réserve de sécurité).
Autant dire que nous ne prenons pas des douches tous les jours ! La technique du lavage à la lavette au lavabo permet de limiter la consommation d'eau douce à quelques décilitres. Mes cheveux sont devenus rasta. Le démêlage est une séance de torture et le lavage, tout un art !
La vie à bord
Le corps s'habitue à être malmené par la houle. Il est continuellement à la recherche d'équilibre, entrain de compenser les mouvements. Il fournit un effort considérable, très fatigant à la longue. Avis aux amateurs, c’est un régime idéal pour brûler des calories et perdre du poids sans se priver, tout en étant allongé ! Pas mal non ?
Un petit équipage doit économiser ses forces et faire des siestes pour récupérer des nuits. A bord de Vagabond, à chacun son tour de profiter du lit de la classe supérieure ou du plancher de la classe inférieure. Le sol, qui d'ailleurs est l'endroit le plus confortable du bateau, car c'est là que l'on ressent le moins les mouvements et l'espace est si étroit qu'on y est bien calé.
Nos journées sont rythmées par les repas, la navigation et les manœuvres, la lecture, l'écriture, écouter de la musique, rêver, contempler...
Un jour, un jeune homme qui se préparerait pour faire sa première transatlantique a demandé à Tom quel conseil il aurait à lui donner. Tom lui a répondu : " Une transatlantique est une expérience unique. Prépare-toi à avoir des tas de réflexions, des réflexions que tu n'as jamais eues auparavant... Emportes de la musique ainsi que suffisamment de livres."
Les nuits
La nuit est divisée en quatre quarts de 3 heures où nous nous relayons à tour de rôle pour faire la garde. C'est un rythme à prendre et ce n'est pas toujours facile de s'extraire d'un sommeil aussi court.
Celui qui est de quart reste dans le cockpit ou s'allonge à l'intérieur à même le sol sur un tapis de yoga. Toutes les 20 minutes, il observe l'horizon à 360 degrés pour s'assurer qu'il n'y a pas un cargo en route de collision, même si au milieu de l'Atlantique cette probabilité est extrêmement rare. En effet, nous n’avons pas vu un seul bateau pendant 45 jours ! Toutefois, la garde, c'est également vérifier le cap, les voiles et être prêt à réagir si le vent fraîchit. S’il faut 20 minutes pour qu'un cargo observé à l'horizon se rapproche, le vent, lui, n'a besoin que de quelques minutes pour se lever. C'est souvent la nuit qu'il faut faire des manœuvres en catastrophe pour réduire la surface de voile.
Celui qui se repose est confortablement installé dans la couchette du carré avec la toile antiroulis pour éviter de tomber du lit lors d'un coup de gîte. En veillant à bien se caler pour éviter des roulés boulés dans le lit !
La grande couchette avant, où l'on dort d'habitude, est utilisée pour stocker de la nourriture et du matériel.
16e jour. Deuxième tempête à mi-parcours
La moitié du trajet est atteinte. Ouf ! Jusqu'à présent, c'est long et plutôt éprouvant...
L'océan en furie se déchaîne et des déferlantes nous bousculent violemment. Nous n'avons pas pu fermer l'œil depuis plus de 24 heures et nos nerfs sont mis à rude épreuve ! On est encore bien loin de la "croisière s'amuse" !
Le vent forcit. La voile bat comme une folle et Vagabond fait n'importe quoi ! Nous devons réduire la surface de voile en installant le tourmentin pour protéger le gréement qui souffre dans ces conditions. La manœuvre de nuit s'avère difficile. Le vent forcit encore et l'océan s'élève en montagnes blanches d'écume. Deuxième tempête, même scénario que la première...
Soudain, une vague s'invite dans le cockpit qu'elle remplit comme une baignoire! Il faut faire vite ! L'eau a déjà rejoint les cales ! C'est le chaos à l'intérieur ! Le sol est trempé, tout est mouillé après avoir rapidement vidé une dizaine de seaux d’eau dans l'évier.
Toute la nuit, ça siffle, ça gronde, ça tape, ça bouscule et les vagues recouvrent le bateau...
18ème et 19e jour. Le bonheur d'une brève accalmie
L'océan nous offre enfin une courte trêve de deux jours de beau temps et de conditions idéales avec 15 à 20 nœuds de vent et une mer calme. Les vagues nous poussent dans un mouvement harmonieux et Vagabond danse d'un bord à l'autre, des mouvements comme dans un berceau. Avec ses deux voiles gonflées à l'avant, Vagabond ressemble à un papillon jaune et blanc.
La vie est belle. Il paraît qu'en principe, c'est comme ça une transat "normale" !
Après 18 jours enfermés dans un espace aussi restreint qu'un bus VW, aujourd'hui, nous sommes enfin dehors, dans le cockpit à profiter du soleil. Absorbés par le chant de la mer, nous contemplons notre jardin marin infini et les poissons volants qui nous amusent.
Si seulement cela resterait ainsi... Ce seront les deux plus beaux jours de notre traversée et malheureusement, nous n'aurons plus jamais de telles conditions...
20e au 24e jour. Dépression et baisse du moral de l'équipage
Le baromètre chute et le ciel se couvre de nuages menaçants : une dépression ! Manquait plus que ça ! C'est la pleine lune qui souvent amène un changement de temps. Les grains et le cortège des rafales se succèdent. Le vent et son orchestre s'en donnent à cœur joie !
Épuisés, dégoûtés, le moral est en baisse. "Si j'avais su, je ne serais pas venu !”
C'est tellement frustrant d'avoir 30 nœuds de vent dans le dos et de ne pas pouvoir avancer !!! L'Ariès endommagé arrive à diriger le bateau qu'avec une surface de voile réduite au minimum. A ce rythme-là, 2,5 nœuds et une moyenne ridicule de 100km en 24 heures, nous allons traverser en plus de 40 jours ! Moralement c'est très dur...
25e jour. Vagabond surf et s'envole
Nos vœux ont été exaucés : du soleil et un ciel bleu parsemé de jolis petits nuages typiques des alizés. Le vent se calme et souffle à 25 nœuds, la mer est encore bien agitée. Nous installons deux petites voiles en papillon, ce qui nous permet de gagner de la vitesse. L'Ariès handicapé ne gère évidemment pas. Je prends la barre, Vagabond surf sur les vagues et la navigation est exaltante ! Nous sommes prêts à tenir la barre pour les 2000 kilomètres qu'il nous reste à parcourir, mais ce n'est pas réaliste, nous risquons l'épuisement. Tom décide alors de tenter de réparer la fixation de l'autopilote et non pas sans mal, il y parvient ! Miracle ! L'autopilote tient le cap et se débrouille pas trop mal. Incroyable ! Il faut espérer que cela tienne ! Vagabond bat son record de vitesse, c'est fantastique ! Nous passons la journée au soleil dans le cockpit. La nuit est sublime, mon capitaine est si heureux la tête dans les étoiles que dans ces moment-là, il chante, complètement faux mais c'est charmant !
26e jour. Retour en enfer
Eole nous a offert une journée de bonheur, mais aujourd'hui, il nous ramène dans un décor sombre. Encore ces satanés nuages qui annoncent le sale temps ! À l'horizon, un méchant mur gris fonce droit sur nous et il faut rapidement remettre le tourmentin. La force du vent est si puissante qu'on atteint des pointes de 6 nœuds avec ce petit mouchoir qui pousse nos 7 tonnes d'acier ! Notre maison penche sur un angle de 30 degrés, difficile de nous mouvoir sans nous cogner partout !
Cette houle de "merde" (désolée du terme) de travers venant du nord nous cause toujours autant d'inconfort et d'ennuis. Ni l'Ariès, ni l'autopilote ne gèrent des vagues pareilles et cela nous rend fou ! Mais qu'est-ce qui se passe au Nord pour que nous le ressentions jusqu'ici ?
Enfermé bien à l'abri, sans un pet d'air, pour éviter qu'une vague ne s'invite à l'intérieur et rende notre lit plus humide qu'il ne l'est déjà... Il fait de plus en plus chaud et étouffant sous les latitudes des tropiques. Nous n'avons plus besoin d'habits. Heureusement, car nous n'avons plus rien à nous mettre. Une montagne de lessive puante attend l'arrivée pour être lavée. J'aurais du boulot !
Le continent d'algues
Dans cette zone à 1800 kilomètres des Petites Antilles, une chose très étrange nous surprend : l'eau est parsemée d'algues formant comme des tapis. Bizarre... Serait-ce une des conséquences du réchauffement climatique ? On se le demande ? Avons-nous découvert un nouveau continent ? Peut-être... Bref, ces herbes vont nous accompagner des semaines ! Au chapitre des mauvaises surprises, elles ont bouché l'entrée d'eau de mer des WC ! Sans chasse d’eau, je vous laisse imaginer la vie à bord…
27e jour. Mon anniversaire
Il est 1h du matin, je réveille Tom en douceur, c'est son tour de garde. Il me chante un joyeux anniversaire et me prends tendrement dans ses bras. Dehors, l'alizé musclé, infatigable, se défoule à plus de 50 nœuds dans les rafales, c'est la folie ! Ça fait peur et ça fait un de ces vacarme ! Pour me rassurer, je regarde le ciel qui s'est dégagé, c'est bon signe, il est parsemé de myriades d'étoiles étincelantes comme on ne les voit jamais sur terre. C'est magique !
Tom a accroché une banderole "HAPPY-B-DAY" dans la cabine pour me rappeler que c'est un jour particulier, malgré les circonstances qu'on aurait souhaitées différentes. Nous espérions arriver en Martinique pour mon anniversaire... Tom m'a offert le plus beau des cadeaux, il m'a écrit un texte magnifique qu'il me lit avec beaucoup d'amour. L'océan, lui, ne nous fait pas de cadeau...
29e jour. On évite le feu de justesse !
Aujourd'hui, nous testons le moteur qui fonctionne à merveille. Mais, tout à coup, une odeur de brûlé et de la fumée sort du circuit électrique ! On a évité le feu de justesse ! Bordel ! C'est un court-circuit ! Le système électrique du moteur est grillé ! Un problème en plus ! S'en est trop ! Je vois Tom pour la première fois s'effondrer en larmes. Lui d'habitude si fort et si positif avec toujours une solution à chaque problème. Les avaries s'enchaînent depuis le début de cette transat et le capitaine vient d'atteindre ses limites...
Comme c'est beau de naviguer !
Bon ressaisissons nous ! Il faut se battre ! Bonne nouvelle, aujourd'hui le vent est un peu moins fort que les jours précédents. Nous installons la trinquette (une petite voile) et nous allons barrer toute la journée en nous relayant toutes les heures. Tenir la barre une heure dans ces conditions, c'est comme barrer 8 heures en Méditerranée ! C'est épuisant ! Et dire qu’il suffirait d'un peu moins de vent et de vagues pour que l'Ariès ou le pilote gère et qu'enfin nous avancions vers le but !
La navigation nous apporte des sensations fortes et beaucoup de plaisir ! Vagabond s'élève et surf sur les vagues ! C'est trop beau et notre moral est au top ! Cela nous console et nous rappellent comme c'est beau de naviguer !
C'était juste un grain
Un grain, c'est un vent violent accompagné de pluie, en général de courte durée. Les grains sont fréquents sous les tropiques.
Je suis à la barre quand j'aperçois derrière moi, un énorme nuage noir qui s'approche. Il est accompagné d'un superbe arc-en-ciel que je m'attarde à admirer. J'avertis Tom trop tard. Il n'est pas content ! Oups ! Un petit coup de stress pour réduire rapidement la surface de voile et une bonne douche bien fraîche. Nous sommes complètement trempés et gelés ! Je claque des dents, cela me servira de leçon : la prochaine fois, promis, j'anticipe ! Et la prochaine fois, tant qu'à faire, j'en profite aussi pour me faire un shampoing !
30e jour. Je n'en peux plus!
Depuis le début de cette traversée, nous pouvons compter sur les doigts d'une seule main, les journées agréables ensoleillées où nous avons eu moins de 30 nœuds de vent et où nous avons pu naviguer "normalement". Impuissants, on subit et on patiente... C'est une sacrée épreuve !
À mon tour d'atteindre mes limites. Je n'en peux plus, j'en ai marre et je m'effondre... Et le mal de mer qui vient y mettre son grain de sel, ce n’est pas la joie ! "Mais nom d'un chien qu'est-ce que je fous par un temps pareil sur ce vieux rafiot ? Bordel ! Quand est-ce qu'on arrive ?"
33e jour. Plus de sucrerie !
Si au moins nous pourrions nous consoler avec des sucreries à grignoter... Les réserves de nourriture s'épuisent petit à petit. Heureusement, nous n’avons pas à nous restreindre sauf qu'à la fin, nous allons être au régime pâtes et riz, même pour le petit déjeuner ! Nous avons encore assez d'eau, c'est l'essentiel. Par contre, fini les encas et les sucreries. Je regrette d'avoir été bien trop raisonnable lors des grands achats! Il me reste le délicieux tchai sucré parfumé aux épices pour me consoler tandis que Tom craque pour la poudre de chocolat Ovomaltine.
En revanche, le plus grave, c'est que nous allons bientôt manquer de papier toilette ! Vous allez rire : nous avons commencé à numéroter les rouleaux et à économiser... Bref, "Vivement qu'on arrive !"
35e jour. Je dors dans des draps mouillés
Il est 5h du matin, j'écris, allongée par terre. Quand soudain, une vague vicieuse d'une violence hallucinante nous frappe par tribord au point que le bateau se retrouve projeté sur le flanc bâbord et penche à 45 degrés ! Profitant de la fenêtre de la cuisine laissée entrouverte en imposte pour avoir un filet d'air, l'eau rentre en masse et gicle de partout ! Surprise, secouée et mouillée, je tremble de stress. Catastrophe ! Tout est trempé, imprégné de sel et ne séchera jamais complètement ! Les matelas, les coussins, la table et les cartes de navigation et, nos beaux draps en coton d’Italie irrécupérables que l'on a dû jeter... Courage encore dix jours !
Je me rendors dans mon lit mouillé en fredonnant cette chanson dans ma tête :
"C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme... Moi la mer elle m'a pris au dépourvu tant pis. J'ai eu si mal au cœur, sur la mer en furie, j'ai vomi mon quatre heure et mon minuit aussi. J'me suis cogné partout j'ai dormi dans des draps mouillés. Ça m'a coûté des sous c'est de la plaisance, c'est le pied !"
36e jour. Une leçon de vie
Dans la vie, c'est essentiel d'avoir des buts, quelque chose qui nous motive, chaque jour, à aller de l'avant. Ça l'est d'autant plus dans la situation dans laquelle nous sommes, en quelque sorte comme des prisonniers sur notre petit bateau, impuissants, au milieu d'un immense désert d'eau.
Au bout du 25e jour, quand j'ai réalisé que nous allions peut-être encore passer 20 jours dans ces conditions, c'était inacceptable, inimaginable et moralement très dur ! Comment ne pas craquer ? Comment ne pas se laisser aller ? Comment ne pas devenir fou ?
D'abord, ne pas se laisser prendre par notre pire ennemie : la fatigue. Elle nous met sur les nerfs et peut rendre l'ambiance de bord exécrable. Puis, au lieu de pleurer sur notre sort, d'être victimes, nous avons décidés de donner du sens à ce qui nous arrive, persuadés que rien dans la vie n'est le fruit du hasard. Il y a une chose très précieuse que nous avons ici sur l'océan, c'est le temps ! Alors autant l'utiliser ! Tom en profite pour réaliser son rêve : écrire un livre. Il passe des heures dans son manuscrit relatant toutes les histoires que nous avons vécues. Quant à moi, j'écris aussi et je ne sais pas si cela aboutira à un bouquin mais l'important c'est que cela me fait du bien. Bref, finalement nous sommes loin de nous ennuyer et utilisons ce temps pour être créatif ! Je vous promets qu'on en fait des choses quand on est libéré du téléphone portable, d'Internet, des réseaux sociaux, de la TV, des séries, des jeux vidéo, etc. Le fait d'être totalement déconnecté nous ramène à l'essentiel...
Depuis plusieurs jours, nous avons la compagnie de deux oiseaux tropicaux blancs à longue queue, des "pailles-en-queue". Ils tournoient joyeusement autour du mat en chantant et illuminent nos journées. La visite de ces petits animaux nous enchante. C'est fou comme on arrive à se contenter d'un spectacle pareil ! Il nous en faut tellement plus sur terre ! Je crois que nous oublions de contempler la vie autour de nous, parce que nous sommes trop stimulés, trop dans le besoin de combler tous les vides et trop pris dans une course contre le temps.
De délicieux petits pains tout chaud sorti du four nous donnent un plaisir comme vous ne pouvez même pas imaginer ! Après 36 jours, c'est le bonheur absolu ! Ça faisait une éternité que je n'avais pas fait du pain ! C’est magnifique !
Ne vous inquiétez pas, nous allons bien et nous arriverons bientôt !
J-36, nous avons commencé le décompte des jours qu'il nous reste jusqu'à l'arrivée : 9 jours dans le pire des cas. Nous nous rapprochons du but !
Nous pensons très fort à nos proches et espérons qu'ils ne sont pas trop inquiets... Malheureusement, nous n'avons aucun moyen de communication pour les rassurer…
39e jour. Le matériel souffre et les problèmes s'enchaînent.
Chaque jour, une nouvelle avarie ! Avant hier, c'était l'Ariès qui criait au secours ! Il va de pire en pire et nous prions pour qu'il ne nous abandonne pas ! Les drosses (cordages) se sont usées au point de ne tenir plus qu'à un fil et de devoir être remplacées juste avant qu'elles ne cèdent ! C'est complètement fou ! Et c’est dire à quel point l'Ariès travaille dur ! De plus, la force du vent a brisé trois aériens (pièces en contreplaqué de 6 mm que l'on oriente dans la direction du vent). Et dire que Tom a navigué 4 ans avec une seule pièce !
Hier, le moment fort de la journée, c'était la pompe des toilettes que Tom a dû réviser pour qu'au final notre chasse d'eau ne fonctionne toujours pas ! On est dans la merde ! C'est le cas de le dire ! A cause de ces foutues algues qui ont bouché l'entrée d'eau de mer des WC.
Aujourd'hui, c'est un bas hauban (un des câbles sur le côté qui retient le mât) qui a cédé ! De quoi mettre encore un peu plus de pression sur les épaules du capitaine qui ne souhaite qu'une chose : ramener sa femme et son bateau au port, sain et sauf.
40e jour. Repli dans notre microcosme
Jusqu'à l’arrivée, nous n'aurons plus de répit. L'Atlantique, impitoyable, nous dévoile toute sa puissance et nous ordonne le repli, à l'intérieur dans notre "petit chalet suisse". Notre microcosme, où nous avons passé tellement d'heures allongés, nos activités réduites au strict minimum. Nous avons eu si peur, nous avons tant pleuré, tant crié notre colère ! Fatigués par les bousculades de cette houle énorme venant du nord, déçus de ne pas pouvoir profiter des nuits étoilées et des rayons du soleil. Épuisés par le rythme infernal des grains qui s'enchaînent la nuit et nous volent nos heures de sommeil.
43e jour. Plus de gaz !
Décidément, nous n'avons vraiment pas de chance ! Notre deuxième bouteille de gaz est vide au bout de 11 jours d'utilisation ! C'est anormal ! Elle aurait dû tenir 30 jours. On nous a vendu une bouteille à moitié vide ! Heureusement qu'il nous reste la solution de secours : le petit réchaud camping gaz. N'étant pas sur cadran et n'ayant pas de serre-casseroles, cuisiner s’avère plus dangereux. Nous l'installons par terre et réchauffons les repas en tenant fermement la casserole d'une main gantée, le gant qui d'ailleurs trop proche de la flamme a réussi à prendre feu ! Mais heureusement, sans conséquences pour la main du cuisinier ! Les menus se simplifient : raviolis, nouilles chinoises, boîtes de maïs et le meilleur pour la dernière soirée : des roechti bernois !
44e jour. La peur
Encore une nuit de terreur ! Probablement la pire que nous ayons vécue ! Les grains tempétueux ne s'arrêtent pas et sont d’une violence !!! La nuit est interminable, terrifiante ! La matinée, nous sommes dans une ambiance de fin du monde. Le vent bat son record de puissance ! L'éolienne s'emballe dans un grondement comme un réacteur d'avion. Si rien ne casse, c'est un miracle ! Si près du but, pourquoi faut-il encore nous faire vivre une telle épreuve ?
45e jour. Terre à l'horizon !
La dernière nuit est étoilée et pour la première fois depuis longtemps, aucun grain ne vient la perturber.
Au lever de soleil, des centaines d'oiseaux de toutes sortes s'activent à pêcher les poissons volants. Des dorades coryphènes aux couleurs fluorescentes nagent à la surface de l'eau. Qu'est-ce que c'est beau ! Plusieurs poissons volants se sont échoués sur le pont, il y en a même un très spécial revêtu d'une tenue léopard !
Il est 9h lorsqu'on aperçoit l'île de la Martinique à l'horizon. Nous sommes en larmes !
Cependant, nous ne sommes pas encore au bout de nos efforts, car nous dérivons un peu trop et à l'approche de l'île, la navigation demande de la précision. Approcher une île avec autant de vent et de houle, un pilote et un régulateur d'allure qui ne gèrent pas et avec un moteur qui pose problème, ce n'est pas évident !
Depuis quelques jours, Tom est très inquiet, il passe du temps à vérifier le cap, faire des calculs, élaborer des stratégies et un plan b.
Il nous reste 18 milles à parcourir, nous décidons s'installer la trinquette (une voile un peu plus grande que le tourmentin) et de nous relayer à la barre toutes les heures. Tenir la barre est difficile dans une mer autant agitée et nous essuyons plusieurs grains. Mais l'île est devant nous et nous motive à nous battre ! Cette nuit, nous dormirons enfin à l'abri !
Retour sur terre
Le retour à la civilisation nous fait du bien. Nous avons besoin d'échanger, de partager, et surtout de digérer ce que l'on vient de vivre ! Nous sommes un peu traumatisés et il va nous falloir du temps… Pour Tom, qui navigue depuis 30 ans, c'est de loin sa pire transat qui a bien failli le dégoûter à tout jamais de sa passion de naviguer !
Pour moi, ce fut l'expérience de ma vie ! J'ai beaucoup appris, sur moi-même et sur la navigation. Une leçon de patience, de lâcher prise, de gestion des émotions. Une leçon qui demande une grande force mentale, beaucoup d'endurance, du courage, un esprit positif et optimiste, croire en soi, avoir confiance...
Apprendre à vivre à deux dans un espace aussi restreint, se supporter, se soutenir, s'entraider... Le bonheur se double quand il est partagé mais le malheur, lui, se réduit...
Nous allons reprendre la mer c'est sûr, mais pas demain ! Une petite pause s'impose ! Le temps de réparer, renforcer et apporter quelques petites améliorations au bateau. Le milieu marin et les conditions hostiles ont fait souffrir le matériel ! La liste des petits bobos et de toutes les pièces qui ont cassées est longue ! Nous avons du boulot ! Après tous ces efforts, je crois que nous aurons mérité de prendre le temps de profiter de la vie sur terre et au mouillage... Nous allons savourer cette escale atteinte au prix de tant d’efforts !
Si c'était à refaire ? Et bien plus jamais nous partirions au mois de janvier/février avec un petit bateau ! Nous étions loin de nous douter de ce qui nous attendait ! Et dire qu'à la base, nous aurions dû partir début décembre, si nous n'étions pas rentrés en Suisse pour ma santé... Nous aurions alors eu une transat "normale" avec 15 à 20 nœuds de vent ! Mais le destin en a décidé autrement...
Bon maintenant, vous vous demandez peut-être de quoi rêve un couple de marin après avoir passé 45 jours en mer ?
Des draps de lit qui sentent bon la lessive ! Retrouver le confort de dormir à deux dans notre grand lit ! Et puis dormir dormir dormir x heures d'affilées au sec et dans un lit qui ne bouge pas (ou juste un peu)
Le bonheur d’une vraie douche !!!!
Boire une bière bien fraîche ! Et même plus qu'une !
Un bon morceau de viande accompagné d'une belle salade du marché et d'un bon verre de bordeaux
Un expresso italien
Un paquet d'Haribo
S’il reste de la place, une glace magnum double caramel !
Alors les amis, il faut que je vous laisse, j'ai des rêves à réaliser...
PS : Une bouteille à la mer
Chaque soir, nous avons lu un message écrit par nos proches lors de notre mariage en août 2016. Un petit bout de papier enroulé et déposé dans une bouteille... Quelle joie de découvrir tous ces mots réconfortants, ces pensées, ces blagues qui nous ont fait rire ! Ça fait nous a fait chaud au cœur et nous a redonné du courage dans les pires moments. Merci les amis ! Loin des yeux mais pas loin du cœur ! Tous vos mots ont été offert à l'océan en faisant un vieux à chaque fois ! Et la bouteille vogue sur l'eau attendant qu'un jour quelqu'un la trouve...
Un petit paragraphe technique sur le fonctionnement de l'Ariès. (Pour ceux que ça intéresse, les autres sont autorisés à zapper !)
Quand le bateau dévie de sa course, le vent incline l'aérien (pièce en contreplaqué que l'on oriente dans la direction du vent) qui transmet un mouvement de rotation à la pale (gouvernail) immergée. Les filets d'eau la font pivoter et agir par l'intermédiaire de poulies et de drosses (cordages) connectés sur la barre afin de ramener le bateau sur son cap.