Quelle galère cette « merditerranée » ! Elle nous teste et met parfois nos nerfs à rude épreuve !!! La navigation y est difficile car la météo est trop instable, imprévisible et la houle courte et croisée est épuisante.
Depuis le début du voyage, les vents sont soit absents, soit contre nous : sur le nez et Vagabond peine à remonter face au vent, ce n’est pas son truc… On "tire des bords", ce qui signifie que les trajets sont bien plus long ! Vagabond se bat fièrement pendant que le régulateur d’allure essaie de faire le maximum pour nous diriger, mais il a besoin d’un minimum de vent pour fonctionner. Il n'y a pas un brin d'air, c’est ce qu’on appelle la « pétole », qui nous oblige à enclencher le moteur pendant des heures pour avancer ne serait-ce qu’un peu sur cette mer d'huile, c’est frustrant ! J’admire Tom capable de barrer pendant des heures en plein soleil ! On n’a pas d’autopilote, car cet instrument électronique consommerait trop d’énergie, alors c’est Tom l’autopilote, il consomme aussi mais raisonnablement :-) En méditerranée, on fait de la voile-moteur et c’est apparemment la mode car on ne croise que des voiliers au moteur par ici !
Nous quittons Barcelone et la côte pour aller au large en espérant trouver des vents plus favorables pour nous pousser vers le sud de l’Espagne. Et devinez où nous sommes après 3 journées de bataille ? MAJORQUE ! Eh oui, finalement on y est arrivé aux Baléares ! Avec un petit bateau comme le nôtre dans une méditerranée instable, ce n’est pas que nous qui décidons où aller, c’est aussi « Eole » qui nous pousse là où il veut…
Les DAUPHINS sont là pour nous accueillir. Les premiers que je vois et j’en suis encore toute excitée !!! C'EST TROP BEAU !!! C’est drôle, mais c’est comme s’ils venaient nous encourager… Car du courage, il nous en a fallu pour la suite !!! Le vent du nord s’est levé, oui celui qu’on attend depuis le début du voyage et qu’on n’a jamais eu ! C’est comme si la mer capricieuse nous l’envoyait maintenant pour nous dire : vous le vouliez ? eh ben le voilà ! Et comme il faut !!! Là, juste pour vous emmerder au mauvais moment, juste quand on n’en a absolument plus besoin parce qu’on arrive au cap, au sud de l’Ile… Alors, il s’est mis à souffler des rafales à 7 beaufort (55km/h), la mer est montée, Vagabond semblait chevaucher les vagues tout en penchant à un point où, mince, il ne reste plus qu’à espérer que tous les objets sont bien arrimés à l’intérieur! J’ai dû aider Tom à tenir la barre car cela devenait un véritable combat ! De toute nos forces, on a dirigé le Vagabond dans ces violents coups de vent au cap de l’Ile… Quelle montée d’adrénaline !!! Et promis, plus jamais je dirai que la voile ce n’est pas du sport ! Et puis finalement, je crois que je ne suis pas encore prête pour affronter le Cap Horn…
Heureusement, mon mal de mer m'a enfin laissé tranquille après avoir changé les comprimés de stugéron qui n'avaient pas d'effet pour des patch de scopoderm, je me sens mieux et c'est un réel bonheur !
Voilà Majorque ! On est éblouis par son côté sauvage, avec ses montagnes et falaises vertigineuses, c’est trop beau ! Nous arrivons enfin, tout juste avec les derniers rayons de soleil, dans le port de la capitale Palma de Mallorca. On s’amarre au ponton d'accueil de la marina, on s’imagine encore le cauchemar s'il n'y avait pas de place… On n’a presque plus d’eau et de gasoil et on ne peut continuer ainsi plus loin sans faire l'avitaillement… Et voilà, c’est ce qui arriva ! Pas de place, tout est complet et il faut déguerpir au plus vite de ce ponton ! Super accueil merci ! On appelle les deux autres ports de la ville à la radio VHF et ils nous refusent également… Alors là, c’est la boule au ventre !!! Que faire ? On est épuisé, il fait presque nuit, on hésite à se laisser dériver toute la nuit dans la baie agitée par la houle, en effectuant des gardes de nuit… Il nous semble avoir vu des bateaux au mouillage dans la baie alors on va voir, tout en espérant qu’on puisse jeter l’ancre… Il y a trois bateaux alors à la lampe frontale, on mouille dans cette baie, juste en face de la vieille ville et de la cathédrale illuminée… Le spectacle est sublime ! C’est encore surréaliste de se retrouver là, pour notre première nuit au mouillage. On rêve d’une bonne douche et d’une bière fraiche mais finalement pour fêter notre arrivée, j’ai pu faire des spaghettis all arrabbiata tout en tenant les casseroles car le mouillage n’est pas très bien abrité, il y a pas mal de roulis et pour l’instant j’ai encore une cuisinière improvisée... Bref, heureusement qu’il nous restait une dernière bouteille de bordeaux, qui a un peu tourné certes, mais elle passe quand même et celle-là on l’a mérité après toutes ces aventures ! OUF !